HISTORIC est un
site dédié à
l'Histoire namuroise,
prise dans un contexte
spécifiquement
religieux : celui du
diocèse, ou de
l'évêché de Namur,
depuis sa création, en
1559, jusqu'à nos
jours.
Qu'est-ce
qu'un évêché ?
Ce terme est d'abord
employé pour désigné
le diocèse, ou portion
de territoire dans
lequel l'Évêque exerce
une juridiction
spirituelle sur la
population catholique
qui vit dans le
territoire en
question. Ainsi, au
lieu de dire le
diocèse de Namur, on
parle aussi de
l'évêché de Namur.
Mais, par réduction,
comme pour signifier
le centre du
territoire du diocèse
ou de l'évêché, ce
même vocable est
utilisé encore pour
désigner la maison ou
le Palais où l'Évêque
réside et demeure.
Ainsi, au lieu de
parler du Palais
épiscopal de Namur, on
dira aussi l'évêché de
Namur. D'où, par
exemple, et comme
conséquence, la rue où
se trouve le Palais
épiscopal de Namur
porte le nom de Rue
de l'Évêché.
Ci-après,
nous allons retracer
l'historique,
l'évolution, les
déplacements ou les
changements relatifs
au Palais épiscopal de
Namur, en mentionnant
ceux qui l'ont occupé,
savoir, les 30 Évêques
de Namur nommés
jusqu'à ce jour et
dont le portrait ou la
photographie se voit
sur cette page.
Dans tous
les pays où vivent
des communautés
chrétiennes de
confession
catholique, le
Saint-Siège
établit des
diocèses ou
délimitations de
territoire à la
tête de chacun
desquels le Pape
institue un
Évêque. En 1559,
le Pape Paul IV
crée le diocèse de
Namur, avec
Antoine Havet,
dominicain, comme
premier Évêque
nommé en 1561. Dès
son arrivée à
Namur, en 1562,
Antoine Havet,
achète quatre
maisons, Place
Saint-Aubain, face
à la Cathédrale,
et s'y installe.
Après sa mort,
survenue en 1578,
ses successeurs,
François
Wallon-Capelle
(1580-1592), Jean
Dave (1594-1595),
et Jacques Blaise
(1597-1601),
logent au même
endroit.
En 1602,
François Buisseret
(1602-1614),
ajoute quatre
autres maisons aux
demeures
premières. Les
choses restent
ainsi au cours des
décennies
suivantes qui
voient
successivement le
Palais épiscopal
occupé par : Jean
Dauvin
(1615-1629),
Engelbert Desbois
(1630-1651), Jean
de Wachtendonck
(1654-1667),
Ignace-Augustin de
Grobbendonck
(1669-1679),
Pierre Vandenperre
(1680-1695) et
Ferdinand de Berlo
de Brus
(1697-1725).
Nommé en
1727, Thomas de
Strickland
(1727-1740),
habitué aux fastes
des grandes cours
d'Europe, fait
bâtir, vers 1730,
probablement sur
l'emplacement des
premières maisons
acquises par
Antoine Havet, le
magnifique Palais que l'on
voit encore
aujourd'hui face à
la Cathédrale. Cet
édifice est
ensuite occupé par
trois Évêques :
Paul-Godefroid de
Berlo de
Franc-Douaire
(1741-1771),
Ferdinand-Marie de
Lobkowitz
(1772-1779), et
Albert-Louis de
Lichtervelde
(1780-1796).
Les troupes
d'occupation
françaises ayant
investi tout le
pays (1795), le
Palais épiscopal
de Namur, à la
mort du dernier
Évêque, Mgr de
Lichtervelde
(1796), devient
bien de la nation
française. Un an
et demi plus tard,
soit au début de
l'an 1798,
l'administration
du Département de
Sambre-et-Meuse
(lequel équivalait
à peu près à la
Province de Namur
actuelle, moins
les cantons de
Philippeville et
de Couvin)
installe ses
bureaux dans les
locaux du
ci-devant Palais
épiscopal. A son
arrivée à Namur,
au cours de
l'année 1800, le
Préfet du
Département, Pérès
de la Gesse, occupe
comme bon lui
semble quelques
parties de
l'ancien Palais
épiscopal pour en
faire sa demeure.
Le 15 juillet
1801, le Premier
Consul Napoléon
Bonaparte et Sa
Sainteté le Pape Pie
VII signent une
Convention, appelée
Concordat, en vue de
rétablir l'exercice du
culte, sous la
vigilance de l'État.
Promulgué par une loi
du 8 avril 1802, le
Concordat, ainsi que
certains articles que
le gouvernement
français y a ajoutés,
oblige ce même
gouvernement à
pourvoir d'un logement
convenant à leur
dignité les nouveaux
Évêques qui vont être
nommés, soit en leur
rendant l'ancien
Palais épiscopal, soit
en leur octroyant un
nouvel asile. A Namur,
le Préfet du
Département, Emmanuel
Pérès, ne voulant pas
quitter le Palais de
la Place Saint-Aubain,
où il logeait et où
son administration est
installée depuis plus
de quatre ans, se voit
obligé de chercher une
autre demeure pour
loger le nouvel Évêque
de Namur, Monseigneur
Claude-Léopold de
Bexon.
Pendant le
court temps de son
épiscopat
namurois, d'avril
1802 à octobre
1803, Mgr de Bexon
(1736-1807) est
logé dans un hôtel
de maître, au bout
de la rue de
l'Arsenal, telle
qu'elle était à
l'époque. Cet
hôtel, qui a
appartenu au Comte
de Fallais, mais
qui n'existe plus
aujourd'hui, est
peu commode,
malgré son grand
jardin, et
ressemble, aux
dires de Mgr de
Bexon, à une
mauvaise prison !
Ayant dû donner sa
démission, suite à
des démêlés - plus
ou moins provoqués
- avec Bonaparte,
Mgr de Bexon se
retire près de
Metz, dans sa
Lorraine natale,
où il meurt en
août 1807.
Entretemps,
le diocèse de Namur
accueille son
successeur :
Monseigneur
Charles-François-Joseph
Pisani de la Gaude. Il arrive
à Namur au soir du 12
août 1804. Le 15, dans
la Cathédrale, il
prend possession du
diocèse. Il loge
d'abord, une dizaine
de jours, rue de la
Croix, chez un notable
de la Ville. Le temps
pour lui de visiter le
mauvais hôtel que l'on
avait destiné à son
prédécesseur, hôtel
dans lequel il refuse
nettement de
s'installer, arguant
qu'il s'agit d'une
demeure fort éloignée
de la Cathédrale, et
bâtie dans des
bas-fonds humides et
souvent inondés.
Le Préfet
Pérès lui offre alors
de s'installer rue de
Bruxelles, dans un
hôtel particulier,
aujourd'hui détruit,
faisant face à la rue
Godefroid. L'Évêque
l'essaie quelques
jours. Mais
insatisfait de cette
demeure, il obtient du
Marquis de Croix qu'il
lui laisse une partie
de son hôtel, situé
rue Saint-Aubain
(aujourd'hui rue J.
Saintraint), pour en
faire son Palais
épiscopal. Mgr Pisani
loue cette partie
d'immeuble pour un an,
de septembre 1804 à
septembre 1805. Il y
établit son
secrétariat, y fait
installer des
rayonnages, et
convertit une salle en
chapelle épiscopale.
Aujourd'hui, il ne
reste aucune trace de
son passage, l'hôtel
étant devenu propriété
de la Ville, et le
siège de la Société
Archéologique de
Namur.
En avril
1805, le Conseil
Général du Département
de Sambre-et-Meuse se
résolut enfin à voter
l'achat d'une maison
destinée à servir de
Palais épiscopal. Ce
même Conseil avait,
jusque là, refusé
d'acheter quoi que ce
soit pour l'Évêque,
car il manquait
d'argent, et que,
trois ans plus tôt, en
1802, lors de
l'arrivée de Mgr de
Bexon, il avait voté
la location, pour
trois ans, de l'hôtel
de Fallais.
Le Préfet
Pérès, de concert avec
l'Évêque, devenu son
ami, décida d'acheter
plusieurs propriétés,
qu'il va réunir, pour
former le nouveau
Palais épiscopal.
Ainsi acheta-t-il le
terrain où s'élevait
autrefois le Couvent
des Religieuses
récollectines, terrain
sur lequel s'étend
aujourd'hui le jardin
de l'évêché. Il
acquiert également ce
qu'on appelle alors le
Refuge de l'Abbaye de
Malonne, qui va
constituer la majeure
partie du Palais
épiscopal actuel.
Enfin, aux héritiers
Massart, il achète une
maison contiguë, et
mitoyenne au Refuge de
Malonne, afin
d'agrandir ce dernier,
du côté du Séminaire.
L'argent
venant encore à
manquer, partiellement
du moins, ces achats
ne se réalisent pas en
1805, mais bien
l'année suivante, en
1806. Entretemps, un
contrat de location du
Refuge de Malonne est
conclu avec le
propriétaire, un
certain Lemielle. Ceci
permet à l'Évêque de
Namur, Mgr Pisani de
la Gaude, de
s'installer dans son
nouveau Palais, le 5
octobre 1805, après
avoir passé un an chez
le Marquis de Croix.
Pour finir,
parcourons les deux
siècles d'occupation
de l'actuel Palais
épiscopal de Namur.
Depuis Mgr Pisani de
la Gaude jusqu'à
l'actuel évêque de
Namur, Mgr Remy
Vancottem, quatorze
Évêques se sont
succédé à Namur, tous
ayant élu domicile
dans l'ancien Refuge
de Malonne. Voici leur
nom, ainsi que les
dates de leur
épiscopat respectif :
Charles-François-Joseph
de Pisani de la Gaude
(1804-1826),
Nicolas-Alexis
Ondernard (1828-1831),
Jean-Arnold Barrett
(1833-1835),
Nicolas-Joseph
Dehesselle
(1836-1865),
Victor-Auguste
Dechamps (1865-1867),
Théodore-Joseph Gravez
(1867-1883),
Pierre-Lambert
Goossens (1883),
Édouard-Joseph Belin
(1884-1892),
Jean-Baptiste
Decrolière
(1892-1899),
Thomas-Louis Heylen
(1899-1941),
André-Marie Charue
(1941-1974),
Robert-Joseph Mathen
(1974-1991),
André-Mutien Léonard
(1991-2010), et Remy
Vancottem (2010).
La plupart de
ces Évêques sont morts
en tant qu'Évêque de
Namur, c'est-à-dire en
terminant leur
épiscopat par leur
décès. Mgr Dechamps
fut nommé Archevêque
de Malines en 1867 et
mourut en 1883. Mgr
Goossens ne connut les
joies du Palais
épiscopal de Namur que
durant un été et un
automne, après quoi,
au début de l'année
1884, il fut transféré
au siège de Malines.
Mgr Charue et Mgr
Mathen démissionnèrent
à l'âge de 75 ans,
selon la nouvelle
norme en vigueur dans
l'Église ; le premier
est décédé en 1977, et
le second, en 1997.
Mgr Léonard a été
nommé archevêque de
Malines en 2010, mais
il a démissionné en
2015, ayant atteint
l'âge prescrit.
Au cours
d'un long
épiscopat de près
de trente années
(1836-1865),
Monseigneur
Nicolas-Joseph
Dehesselle (né à
Charneux en 1789,
décédé à Namur en
1865) entreprend
la construction
d'une nouvelle
chapelle
épiscopale, deux
fois plus longue
que celle de
Monseigneur
Pisani. Nous
sommes en 1858,
quelques semaines
seulement après
les apparitions de
la Vierge à
Lourdes. Les
travaux commencent
le 15 juin, pour
finir au début de
l'année suivante,
en janvier 1859.
Ils coûtent la
somme de 28.000
francs, que
l'Évêque décide
d'acquitter
personnellement.
Le 7 mai 1859, la
chapelle est
solennellement
inaugurée.
Cette
nouvelle chapelle
est celle qui
existe encore
aujourd'hui. Quoiqu'étant
toute blanche au
temps de Monseigneur
Dehesselle, elle
a été
peinte à base
d'une
dominante
rouge et
entièrement redécorée
et remeublée par
Monseigneur
Thomas-Louis
Heylen, dans les
premières années
du XXe siècle. Un
article présent
sur ce site relate
les différentes
étapes de la
transformation de
cette chapelle, de
1808 à 1908, de
Mgr Pisani à Mgr
Heylen, en
passant par Mgr
Dehesselle.
En 1927, le
18 juillet, si
l'on en croit la
promesse écrite de
l'entrepreneur,
commencent les
travaux visant à
la construction
d'un bâtiment
spécialement dédié
au secrétariat de
l'évêché. Ils se
terminent dans le
courant de l'année
suivante.
1961 voit la
chapelle de Mgr de
Dehesselle privée de
son petit clocher, sur
le conseil du Chanoine
André Lanotte,
secrétaire de la
Commission diocésaine
d'Art sacré. Il est
vrai que dès 1944 un
projet de clocheton,
qui aurait remplacé le
clocher, avait été mis
à l'étude. Quinze ans
plus tard, le clocher
est définitivement
remplacé par un simple
coq.
Depuis deux
cents ans donc, une
certaine stablilité
matérielle permet aux
Évêques de Namur, tel
Monseigneur Pisani de
la Gaude, de jouir de
ce bel hôtel de style
Louis XV. Une
jouissance bien
passagère, mais
méritoire ; une
jouissance qui vient
donner un simple
bonheur humain au
messager de Dieu,
fréquemment absent de
cette demeure pour
visiter son vaste
diocèse.
Chanoine Dr.
Daniel Meynen
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