Monseigneur Pisani de la Gaude :


une nomination forcée,

par quoi ou par qui ?



par le



Chanoine Daniel Meynen

archiviste de l’Évêché de Namur





Daniel Meynen, © 2003 - 2016






Quand Monseigneur Pisani de la Gaude, en février 1804, est nommé évêque de Namur par le Premier Consul Bonaparte, celui qui avait été autrefois évêque de Vence est sans fortune : tous ses biens avaient été confisqués et mis sous séquestre. Deux cents ans plus tard, nous avons du mal à nous imaginer l'état d'âme d'un aristocrate - Pisani était seigneur de la Gaude, un village proche de Vence, dans les Alpes Maritimes, et possédait le magnifique château du domaine de la Gaude, près d'Aix-en-Provence, sur la route des Pinchinats - alors que les circonstances du temps l'ont conduit à être sans ressource aucune, ou presque. En dépouillant de ses biens Monseigneur Pisani, la Révolution avait déshonoré celui qui jusque là avait servi l'Église et la France comme évêque de Vence. Aussi, pour Pisani, c'était à tout le moins un point d'honneur que de réclamer le retour de ses biens confisqués, ou du moins une partie d'entre eux. C'est ce qu'il obtint effectivement en négociant habilement sa nomination d'évêque de Namur dans les derniers mois de l'année 1803 et au début de l'année 1804. Mais cet évêque talentueux dont les vertus ne sont plus à conter aurait-il été forcé de quelque manière à négocier ainsi sa nomination épiscopale ?

Contemporain de Pisani, le Chanoine de Hauregard - après avoir relaté une certaine entrevue, apparemment imprévue, avec le Premier Consul Bonaparte, qui aurait dit à Monseigneur Pisani : Vous êtes encore en état de servir : je vous fais évêque de Namur - raconte en effet : Le ministre Portalis qui, probablement, s'était entendu avec le Premier Consul, lui fit à son tour de très-grandes représentations sur l'inconvenance qu'il y aurait de refuser une faveur aussi spontanée, et lui fit entrevoir que la conclusion de sa demande en levée de séquestre pourrait être subordonnée à l'acceptation du poste qui venait de lui être assigné. Et : Dès le surlendemain, parurent deux décrets, l'un par lequel il était nommé Evêque de Namur, l'autre qui levait le séquestre sur ses propriétés non vendues, et ordonnait qu'elles lui fussent remises sans délai 1. Le décret de nomination à l'évêché de Namur est daté du 13 Pluviose an XII (3 février 1804) ; il y est dit : Au Nom du Peuple français, du 13 Pluviose an XII de la République, Bonaparte, Premier Consul de la République, arrête ce qui suit : Mr. Pisani de la Gaude est nommé Évêque de Namur. Signé Bonaparte (...) 2

Le Chanoine de Hauregard prétend que la nomination de Monseigneur Pisani à l'évêché de Namur s'est déroulée très rapidement, peut-être en l'espace de deux ou trois jours. Toujours selon lui, c'est Monseigneur Pisani qui a l'initiative de la négociation : c'est d'abord Pisani qui veut récupérer ses biens, et c'est ensuite le Premier Consul qui semble conditionner la levée de séquestre à l'acceptation de l'évêché de Namur. L'histoire telle qu'on peut la reconstituer actuellement est plus complexe, et rien n'interdit de dire que c'est plutôt le Premier Consul et son gouvernement qui ont d'abord cherché à convaincre Monseigneur Pisani de reprendre du service, lequel Pisani aurait ensuite conditionné son acceptation à la levée de séquestre de ses biens. Quoi qu'il en soit, tout cela ne s'est pas du tout passé en quelques jours, mais sur une période bien plus longue.


Il n'est pas possible de comprendre l'état d'esprit dans lequel Monseigneur Pisani accepta sa nomination d'évêque de Namur sans faire référence aux différentes péripéties de sa vie antérieure, surtout celles qui regardent ses années d'exil, de 1791 à 1802, années qu'il passa à Nice, à Rome ou à Venise, lieux privilégiés de sa retraite. Car c'est un homme éprouvé, sans famille, que la Providence envoya à Namur pour en être le dix-septième évêque. C'est surtout un homme d'Église désintéressé, un homme plein de zèle pour le succès de la religion qui consentit à reprendre du service comme évêque, secondant ainsi, en quelque sorte, la réelle clairvoyance d'un général Bonaparte qui cherchait le bien de la République en rétablissant le culte et la religion.



Décret du Premier Consul Bonaparte nommant Monseigneur Pisani Évêque de Namur

le 13 Pluviose an XII, ou 3 février 1804 (A.Ev.N. Carton 6)


Charles-François-Joseph Pisani 3 de la Gaude, descendant des Pisani de Provence émigrés de Toscane 4 au XVème siècle, est né le 4 mars 1743, dans la maison paternelle, située à l'entrée de la rue Saint-Michel, dans le quartier Mazarin d'Aix-en-Provence 5. A l'âge de 21 ans, il est reçu, comme avocat, à la Cour des Comptes du Parlement d'Aix, succédant ainsi à son père Joseph-César 6. Mais, probablement suite à ce que Pisani a appelé sa conversion 7, il s'engage dans la cléricature le 21 novembre 1773, jour où il est tonsuré 8. Auparavant, le 4 août 1773, il est absous de toute irrégularité qu'il aurait pu commettre en siégeant dans des causes criminelles 9. Très vite, il reçoit le sous-diaconat (26 février 1774), le diaconat (19 mars 1774), et la prêtrise (28 mai 1774) 10. Il semble bien que le nouvel abbé Pisani continue à exercer sa fonction de magistrat pendant un certain temps 11. Quelques années après son ordination sacerdotale, Pisani devient Vicaire Général du diocèse de Saint-Paul-Trois-Châteaux (dans la Drôme), dont son oncle, Pierre-François-Xavier de Reboul Lambert, est évêque 12. Enfin, il est nommé évêque de Vence le 15 décembre 1783 et reçoit la consécration épiscopale le 8 février 1784 13.

Peu de temps avant la Révolution, il vend sa maison 14, ses parents étant sans doute décédés 15. Pourquoi vend-il la maison paternelle ? Serait-ce par désaffection pour sa famille ? Certainement pas. C'est même tout le contraire. Pisani est enfant unique : il n'a ni frère ni soeur 16. Hormis son oncle, l'évêque de Saint-Paul-Trois-Châteaux, déjà très âgé, Pisani n'a plus de parent proche à Aix. Il affirme même que, parmi les Pisani d'Italie et de France, il est le seul et dernier rejeton de sa famille provençale 17. C'est dans cette situation familiale de solitude et d'isolement qu'il cherche sans doute à se rapprocher des membres de la souche italienne de la famille Pisani, notamment ceux installés à Venise. Sans qu'aucun document ne le dise explicitement, il semble bien que, en 1787 ou 1788, Monseigneur Pisani se procure un domicile dans la Cité des Doges ; il prétend en effet, par deux fois, en décembre 1795, qu'il habite depuis plus de sept années à Venise 18. D'après la correspondance qu'il recevra à Venise ultérieurement, ce domicile se situe au Campo San Pantalon, en plein centre de la cité 19.



NICE (Juillet 1791 - Mars 1792)



Monseigneur Pisani reste à son poste, à Vence, jusqu'à ce que la Révolution l'en chasse, probablement dans le courant du mois de juin de l'année 1791 20. En effet, le procès que lui intente le tribunal révolutionnaire de Grasse (et non d'Aix, comme l'écrit le Chanoine de Hauregard 21) prend fin dans les derniers jours du mois de mai 1791 22, et il est certain que, dès le 10 juin suivant, l'Évêque de Vence est déjà en exil, dans le lieu de nôtre retraite.


Le premier lieu connu de cette retraite est Nice, où on retrouve Monseigneur Pisani au mois de juillet. Peu de documents attestent du lieu exact de sa retraite, tant il prend de précautions à se cacher, ce qu'il fera du reste pendant tout le temps de son exil. Parmi ces documents, notons un reçu daté de Nice le 24 juillet 1791 et adressé à Monsieur Brémond, notaire à Aix 23, et un document daté de Nice le 30 janvier 1792, adressé à Monsieur l'abbé Gayte, Vicaire Général de Saint-Paul-Trois-Châteaux 24. Ce dernier document fait partie d'une importante correspondance échangée entre Monseigneur Pisani et l'abbé Gayte au sujet de la succession de l'oncle de Monseigneur Pisani, Monseigneur de Lambert, évêque de Saint-Paul-Trois-Châteaux, décédé le 13 mars 1791. L'abbé Gayte adresse à Monseigneur Pisani plusieurs dizaines de lettres 25, en 1791 et 1792, pour l'informer de l'avancement de la succession de son oncle, mais surtout pour lui communiquer tous renseignements utiles concernant les troubles révolutionnaires, ainsi que les lois nouvelles édictées par le gouvernement.


A Nice, l'évêque de Vence est proche de son diocèse. Il peut, s'il le veut, continuer à l'administrer. Mais il a la ferme intention d'aller un jour à Rome. Il prévoit son voyage pour septembre 1791. Cependant, l'abbé Gayte le lui déconseille fortement : Je redoute le voyage que vous vous proposez de faire au mois de septembre. Si j'avais un conseil à donner à Votre Grandeur, ce serait de le renvoyer au printemps de l'année prochaine 26. En 1789, Monseigneur Pisani avait publié un Catéchisme du Diocèse de Vence 27. En exil, il continue à écrire : il rédige une Lettre Pastorale de Monseigneur l'évêque de Vence sur l'obéissance au Souverain Pontife. Cette lettre a connu plusieurs éditions. La première semble être celle de Nice 28 ; mais elle a été publiée aussi à Rome, en 1792, en français et en italien 29, portant, en dernière page, la mention française : Donné du lieu de notre retraite le 25 août 1791 ; enfin, il a dû aussi exister une édition dite de Venise 30, sans précision de date.


Le 16 décembre 1791, l'abbé Gayte écrit à Monseigneur Pisani :
C'est avec grand empressement que j'attends la nouvelle lettre que Votre Grandeur m'annonce, pour le plaisir que je me promets de goûter à cette lecture 31. Le 8 janvier 1792, il peut écrire : J'ai enfin reçu la Lettre Pastorale par la voye du porteur de Bollène 32. Et quelques jours plus tard : La Lettre Pastorale a été lue avec enthousiasme : rien de mieux. La discussion ne sçaurait être plus profonde, ni plus clairement et méthodiquement rangée. Elle me permettra de lui en faire le compliment 33. En mars 1792, le temps du départ de Monseigneur Pisani pour Rome approche 34.



ROME (Mars 1792 - Juillet 1794)



Monseigneur Pisani fit donc un court séjour à Nice. Après y avoir stationné pendant près de huit mois, il se rendit à Rome où il remplit les fonctions d'évêque assistant au sacre de l'archevêque de Nicée, le futur Cardinal Maury, dans les premiers mois de 1792 35, plus précisément en avril de cette même année. Monseigneur Pisani confirme son arrivée à Rome, lorsqu'il écrit à l'abbé Gayte : Je suis arrivé à Rome depuis le Dimanche de la Passion 36.


Entre-temps, l'abbé Gayte, fuyant les Gardes Nationales qui voulaient s'emparer de lui à Saint-Paul-Trois-Châteaux, quitte sa résidence dans la nuit du 1er au 2 avril 1792 37, et trouve un premier refuge à Bollène. Mais il se rend finalement dans sa ville natale d'Avignon. C'est de là qu'il écrit à Monseigneur Pisani, à Rome : La lettre que Votre Grandeur m'a fait l'honneur de m'écrire le 14 avril et adressée à Saint-Paul m'a été renvoyée ici. J'y vois avec intérêt la satisfaction qu'elle goûte dans la capitale du monde chrétien ; l'avantage qu'elle a eue d'être témoin oculaire des touchantes et majestueuses cérémonies de notre sainte religion ; et de la justice que mérite sa courageuse confession. Je la supplie de daigner se souvenir de moi dans les Saints Sacrifices qu'elle aura la consolation d'offrir au Seigneur en ce lieu de sainteté, centre de l'unité de notre foi 38.


La correspondance entre Monseigneur Pisani et l'abbé Gayte continue encore dans le courant de 1792, mais elle ne nous apprend rien d'important quant aux activités de l'évêque de Vence à Rome. Cependant, un autre fonds, publié en 1858 par le Père Augustin Theiner 39, va nous livrer une foule de renseignements sur Monseigneur Pisani. On apprend ainsi qu'il est sans aucun doute à Rome en juillet 1792 40, et qu'il s'étabit dans la maison de la Mission, près Monte-Cavallo 41, chez les missionnaires de Saint-André 42. Que signifie tout cela ? Cette appellation de "Saint-André" vient sans doute de l'église Sant'Andrea di Monte Cavallo, c'est-à-dire Sant'Andrea al Quirinale 43, église construite vers 1660 pour le Noviciat des Pères Jésuites. Par contre, les appellations "maison de la Mission" et "missionnaires (de Saint-André)" font penser aux Lazaristes, les Prêtres de la Mission fondés par Saint Vincent de Paul. Enfin, le Chanoine de Hauregard affirme que Monseigneur Pisani logea à Rome dans un couvent des Pères Théatins 44. Ces derniers possédaient en effet, à Monte Cavallo, un couvent jouxtant l'église San Silvestro al Quirinale 45 ; mais, peu avant 1800, ils quittèrent ce couvent, laissant église et couvent aux Pères Lazaristes (les Prêtres de la Mission).


Chez les Théatins ou les Lazaristes, dans la Ville éternelle, Monseigneur Pisani occupe toujours habilement son temps. Entre autres choses, il consulte abondamment la collection des Conciles, qu'on a bien voulu lui prêter 46. Il rédige et fait publier en 1794, en français et en italien, une Instruction morale et polémique de Monseigneur l'évêque de Vence sur le Serment des Citoyens décrété par l'Assemblée Nationale le 3 septembre 1792 47. Mais surtout, il s'emploie à procurer des ressources matérielles, voire des passeports pour séjourner dans les États Pontificaux, à des prêtres exilés 48, notamment à ceux de son diocèse de Vence, ou d'ailleurs, comme à l'abbé Gayte 49, dont nous avons déjà parlé. L'abbé Gayte, après s'être réfugié à Avignon, a été fort bien accueilli à Fossano, dans le Piémont ; il refuse d'ailleurs de quitter ce lieu et remercie vivement Monseigneur Pisani pour son offre 50.



VENISE (Août 1794 - Mai 1797)



Dans le courant du mois de mai 1794, Monseigneur Pisani quitte Rome pour Lorette 51 et d'autres lieux, comme Ancône, d'où il écrit : Nous voyons arriver dans la province d'un jour à l'autre de nouveaux prêtres émigrés, et la charité des fidèles seconde bien les désirs du Saint-Père. Malgré cette surcharge inattendue on les reçoit avec empressement, et les laïques même donnent des secours à nos émigrés. Il y a ici des familles respectables qui les accueillent, et s'occupent de leurs besoins. J'en ai été vraiment attendri52. Début août, il arrive à Venise, pour y traiter quelques petites affaires 53. Lesquelles ? Il n'en dit rien dans sa correspondance du moment, mais un document ultérieur permettra, ce semble, de dresser quelques conjectures à ce sujet 54. Même s'il écrit : Je ferai vraisemblablement imprimer ici un petit mémoire, qui servira de suite à mon instruction Sur le serment 55, ses occupations sont de moins en moins littéraires, car sa vue baisse : Je perds la vue d'un jour à l'autre, et par conséquent le moyen de continuer mon travail, ce qui m'afflige beaucoup 56.




Mémoire de Monseigneur Pisani (dernière page), Venise, décembre 1795

(A.Ev.N. Carton 6)


Dès son arrivée à Venise en 1794, et durant toute l'année 1795, Pisani, dans sa correspondance, ne cesse de manifester son désir de rentrer à Rome, afin de revoir un Pape si cher à son coeur 57. Mais, alors qu'il vient d'écrire : un reste d'affaire me retient ici jusqu'au milieu de novembre ; et : ce ne sera donc qu'en décembre que j'aurai la consolation de revoir Votre Éminence 58 ; il décide finalement de reporter son voyage de Rome, vu qu'on ne pouvait plus lui assurer un gîte chez les Missionnaires de Saint-André et que les rigueurs de l'hiver étaient plus précoces : Puisqu'à l'incertitude de trouver un gîte convenable à mon goût, à mes moyens, se joignent les rigueurs du temps qui ont devancé la saison de l'hiver, je renvoie au printemps prochain un voyage qui occupait mon esprit et mon coeur 59. Mais, à toutes ces raisons pour reporter un voyage qu'il désire tant, vient s'adjoindre un autre motif, qu'il ne déclare pas, mais qui apparaît dans ces quelques lignes écrites fin décembre 1795 : Des circonstances diverses et inattendues m'ayant fait retarder mon voyage pour Rome, je n'aurai besoin d'un logement que dans la belle saison... 60


Quelles sont ces circonstances inattendues ? La réponse se trouve dans la date de cette lettre : 26 décembre 1795. Or, en ce mois de décembre 1795, Monseigneur Pisani rédige un certain mémoire, que nous avons déjà cité comme référence, dont le titre complet est : Mémoire de Charles-François-Joseph Pisani Évêque de Vence // A présenter à leurs Excellences Alvise Pisani Procurateur de S. Marc et François Pisani Ambassadeur à Madrid 61. Le but de ce mémoire consiste, pour Pisani, à demander à sa famille - les Pisani de Venise - de le reconnaître comme un vrai parent, à part entière, et d'obtenir par ce biais la nationalité vénitienne.


Pourquoi Monseigneur Pisani rédige-t-il ce mémoire en décembre 1795 ? Précisément parce que, comme il l'a écrit 62, des circonstances inattendues se sont produites en cette fin 1795. En effet, son parent, Almorò I Alvise Pisani 63, était ambassadeur de la République vénitienne à Paris, lorsque les troubles de la Révolution, notamment les journées d'août 1792, l'obligèrent à transporter son ambassade de Paris à Londres. C'est là, dans le courant de 1793, qu'il apprit sa nomination de Procurateur de Saint Marc "de citra" 64. Cependant, il continua à exercer sa charge d'ambassadeur jusqu'en 1795, année de son retour à Venise 65. La cérémonie de son "Entrée" dans la Basilique de Saint Marc put alors avoir lieu, avec tout le faste qui accompagnait ce genre de célébration, presqu'aussi solennelle que lors de la nomination d'un nouveau Doge. L'année suivante, en 1796, Alvise Pisani reçut encore d'autres charges, et fut nommé Sage du Conseil le 31 décembre 1796 66. La même année 1796, parurent deux livres sur l'histoire de la République de Venise, à laquelle la famille Pisani prit une part importante, livres spécialement publiés à l'occasion de l'accession d'Alvise Pisani à la charge de Procurateur de Saint Marc 67. Quant à Almorò III Francesco Pisani (1759-1836), frère d'Alvise, il était à cette époque ambassadeur de la République de Venise à Madrid, où il se trouvait encore lors la chute de la Sérénissime, le 14 juin 1797 68.


Voilà donc des circonstances tout à fait inattendues ! Comment n'auraient-elles pas contribué à émouvoir le coeur et l'esprit de Monseigneur Pisani, lui qui était justement là, à Venise ? N'était-ce pas providentiel ? Ne fallait-il pas sauter sur cette occasion si propice pour présenter à son parent une requête qui pourrait lui apporter un nouvel entourage familial et une situation civique qui reconnaîtrait sa qualité d'évêque, et d'évêque fidèle au Pape ? Mais laissons parler Pisani, laissons parler cette bouche assoiffée d'amour et de justice : L'éveque de Vence victime comme tant d'autres bons français de la révolution de France - échappé maintenant de sa patrie pour avoir été fidèle à Dieu, au Roi et à l'ancienne monarchie, séparé de ses proches parens, dépouillé de ses biens, de ses armes, de ses titres, incertain sur son asile, privé, pour comble d'injustice, du droit de tester, de disposer des débris qu'il a pu sauver de sa fortune - vient se jeter avec confiance dans le sein de la famille vénitienne Pisani à laquelle il croit tenir très anciennement par la meme tige : il ne prétend point leur etre aucunement à charge, mais il espère de la bienfesance des illustres chefs de cette famille qu'ils voudront bien le reconnaître pour originaire de la leur, et l'adopter en quelque sorte comme parent de nom et de tige : il désirerait aussi obtenir de leur protection et médiation la faveur d'etre naturalisé dans l'état vénitien où il a son domicile depuis plus de sept années, et auquel son dévouement et sa conduite irréprochable l'attacheront toujours plus 69.


Selon toute vraisemblance, Monseigneur Pisani ne reçut pas la nationalité vénitienne. Cependant, après décembre 1795, date de son Mémoire, Monseigneur Pisani n'évoque plus, d'une manière aussi vive que par le passé, son retour à Rome, quand il écrit à ses anciens amis romains. D'ailleurs, la première invasion des armées françaises en Italie dès juin 1796 n'est pas un motif encourageant pour quitter Venise pour Rome ou ailleurs. Néanmoins, une année plus tard, alors que les troupes françaises approchent de Venise, Monseigneur Pisani écrit : J'ai quitté Venise le 6 mai ; tout se préparait alors, mais sourdement. Un observateur voyait les symptômes de l'agonie du lion ; les faces des bons aristocrates étaient fort allongées et silencieuses ; certaines maisons où j'avais été reçu autrefois avec cordialité ne m'étaient plus accessibles ; je voyais que l'esprit en était changé, et je m'étais réduit à une société peu nombreuse de gens bien pensants, qui s'attendaient d'un jour à l'autre à la catastrophe. Des menaces assez prononcées contre les Français, sans distinction, et qui étaient un ressort du parti révolutionnaire, ont décidé mon départ 70.



PESARO (Mai 1797 - 1798 ?)



Monseigneur Pisani quitte Venise, le 6 mai 1797, pour Pesaro, où il arrive quelques jours plus tard 71. Commence alors pour Pisani, semble-t-il, une période plutôt difficile, tout comme l'est en ce moment la situation géopolitique de la péninsule italienne. Jusqu'aux derniers mois de 1799, on ne sait pas grand chose sur les activités de l'évêque de Vence, ni même sur le lieu de sa résidence effective. Il se cache plutôt. Le 8 août 1797, ne commence-t-il pas une lettre par ces mots : J'ai reçu, Monsieur, votre lettre du 2 juillet depuis peu, et sous une adresse qui pouvait me compromettre ainsi que vous... 72 ? D'ailleurs, Monseigneur Pisani a toujours pratiqué la prudence lorsqu'il s'agissait de communiquer son nom et son adresse. Déjà, à Venise, il se fait adresser son courrier par des intermédiaires et sous un faux nom, celui de Aspini, une anagramme de Pisani. De Venise, il répond à Mademoiselle Anne Bourguignon (qui lui avait écrit le 25 septembre 1796 73), résidant à Cuers, dans le Var : Il faut mettre deux adresses : l'une à Mr. Aspini, négotiant, à Venise, et sur l'enveloppe vous mettrez l'adresse ci-dessus : à Mr. Jean Charles Lovat, négociants et compagnie, à Gènes, et ces messieurs me feront également passer votre lettre que vous pouvez mettre à la poste en affranchissant le port jusqu'à Gènes... 74 Remarquons cette mention : Mr. Aspini, négociant, à Venise. S'agit-il d'une appellation factice ou réelle ? Monseigneur Pisani avait-il un réel négoce à Venise ? Que dit-il dans cette même lettre à Mademoiselle Bourguignon ? Lisons un peu plus haut : Quant à votre position physique, je voudrais aussi la soulager. Vous savez, ma chère Mademoiselle, que depuis ma banqueroute je suis réduit au stricte nécessaire. J'ai conservé, il est vrai, un domestique, mais nous dépensons entre nous deux quarante sols par jour. Cependant eu égard à ma faillite, je ne me plains pas. Je suis fâché que la nature de votre créance sur moi vous ait empêché d'être classée dans le bilan de mes créanciers... 75 S'il s'agit bien d'un vrai négoce, ce fait peut nous donner la réponse à deux questions. La première, c'est que Pisani possédait bien à Venise un domicile réel, celui de son commerce, et ce depuis sept ans à compter de 1795, soit depuis 1787 ou 1788 76. La seconde, c'est que Pisani avait de réelles affaires à traiter à Venise, motif clairement déclaré au moment de son départ de Rome en 1794 77. Pour clôturer cette parenthèse, notons qu'il existe plusieurs autres lettres adressées ou signées par le Signor Aspini. Plus tard, à Rome, en 1802, on lui écrira de Vence, avec cette adresse : Al Signor Carlo Sapini / S. Andrea di Monte Cavallo / Roma 78.


Les années passent, et la vue de Monseigneur Pisani ne cesse de s'affaiblir. Il a désormais besoin de l'aide d'un secrétaire. Aussi écrit-il à Monseigneur Caleppi : Je viens vous demander une nouvelle grâce... Voici ce dont il s'agit : l'affaiblissement de ma vue et d'autres petites infirmités me font une nécessité d'avoir un prêtre auprès de moi. Malgré la médiocrité de mes moyens, je prends le parti d'en appeler un, et j'ai jeté les yeux sur mon ancien secrétaire, chanoine de mon église, le sieur Méro, logé à l'hospice des Cent-Prêtres 79. Peut-être que, pour un temps, le chanoine Méro rejoignit Monseigneur Pisani pour lui servir de secrétaire. Mais il est sûr, comme nous le verrons, que Monseigneur Pisani est désormais assisté d'un secrétaire.



VENISE (1798 ? - Novembre 1801)



Par le Traité de Campoformio (18 octobre 1797), tous les territoires possédés autrefois par la République de Venise sont attribués à l'Empire autrichien. Mais ce n'est qu'en janvier 1798 que les nouveaux possédants prennent place dans l'ancienne Cité des Doges. Est-ce à ce moment déjà que Monseigneur Pisani regagne son domicile vénitien ? Rien ne permet de l'affirmer. La seule chose sûre, c'est que Pisani est à Venise dans les derniers mois de 1799, sans doute après la mort du regretté Pontife Pie VI, survenue le 29 août 1799, à Valence, en France, dernier lieu de sa captivité. Les cardinaux qui se sont rendus à Venise pourvoient alors aux affaires courantes de l'Église, en attendant l'élection d'un nouveau Pape. Entre autres choses, ils nomment Monseigneur Pisani administrateur du diocèse de Grasse 80, dans les Alpes Maritimes. Le diocèse de Grasse avait perdu son pasteur, Monseigneur François d'Estienne de Saint-Jean de Prunières, mort le 12 mars 1799, à Marseille. Monseigneur Pisani n'attendit pas d'être nommé administrateur pour s'occuper du diocèse de Grasse : il passa les derniers mois de 1799 à s'enquérir de la situation de ce diocèse et à préparer sa future administration 81. Ainsi, il écrit à l'archevêque d'Embrun : Monseigneur, j'ai reçu dans les derniers jours de novembre passé la lettre que vous m'aviez fait l'honneur de m'écrire le 16 du même mois, en réponse à la mienne du 15 octobre précédent sur la vacance des diocèses de Glandèves et de Grasse. Un rhume opiniâtre accompagné de fièvre, et les démarches qu'il a fallu faire ont rempli l'intervalle de temps couru depuis lors jusqu'à présent pour régler l'affaire concernant l'administration de ces deux diocèses. Malgré la difficulté des communications, la multitude des lettres écrites ou venues, le délai des courriers, et le travail des mémoires qu'il a fallu dresser, cette affaire vient d'être totalement terminée ces jours-ci... 82


A peine Monseigneur Pisani est-il nommé administrateur du diocèse de Grasse qu'il nomme le chanoine Méro Grand Vicaire de ce même diocèse 83. Ces lettres de Grand Vicaire du diocèse de Grasse se terminent par un commentaire qui en dit long sur la situation de l'évêque de Vence à Venise ; celui-ci écrit en effet : Datum sub signo sigilloque nostris et subscriptione prosecretarii nostri, venetiis quo a persecutionis gallicanae et maris fluctibus undique versum jactati devenimus, et ubi nunc securi commoramur quasi peregrini et hospites, nocte ac die abundantius orantes ut tandem faciem carissimam omnium fratrum nostrorum quorum cura spiritualis a Jesu Christo Domino Nostro, et Vicario Suo visibili in terra commissa est plene videamus... 84


Monseigneur Pisani assiste au Conclave qui doit élire le Pape Pie VII, le 14 mars 1800 85. Dès lors, les choses vont s'accélérer : le retour à la paix est proche, bientôt l'exercice libre du culte sera de nouveau possible. Monseigneur Pisani écrit, dès juillet 1800 : On m'assure que le premier consul de la République française vient de faire au Pape des ouvertures pour le rétablissement de l'exercice paisible de la religion catholique en France. Puisse ce rapprochement devenir le lieu de la paix universelle dans la partie politique comme dans la partie religieuse 86. Les mois passent, et l'on arrive à la conclusion de la Convention, appelée Concordat, entre le Gouvernement français et Sa Sainteté Pie VII. Heureux événement pour tout le monde, sauf peut-être pour les évêques dont l'évêché a été supprimé, tel l'évêché de Vence... Mais Monseigneur Pisani est un prélat obéissant : il n'hésite pas une seconde, et c'est dans l'acceptation de sa démission qu'il trouve la paix du coeur : Ne partant pas de Venise avant le 20 novembre, j'aurai tout le temps d'y recevoir la réponse du Saint-Père à mon acte de démission, que je ne cesse de renouveler, y trouvant le repos de mon esprit et de mon coeur 87. On comprend pourquoi, deux ans plus tard, le Ministre des Cultes Portalis aura toute la peine du monde à convaincre Pisani de reprendre du service comme évêque (de Namur) : quand on a la paix du coeur, comme Pisani, on la garde précieusement et on ne fait aucun changement qui pourrait venir la troubler !


Ainsi, conformément au Concordat de 1801, Monseigneur Pisani, toujours à Venise, donne sa démission d'évêque de Vence le 17 octobre 1801. On le presse alors de se rendre à Rome. Ce qui le dérange passablement, tant il avait bien arrangé tout son petit ménage vénitien. Ainsi, au Cardinal Consalvi, il répond, à la hâte : Comptant sur l'amitié de Votre Éminence, je lui réponds à la hâte sans façon pour lui apprendre que mon empressement à me porter aux pieds sacrés du Saint-Père, de notre bon père, m'a fait mettre tout mon ménage sans dessus dessous pour accélérer le plus tôt possible mon départ... 88 Très vite, Pisani quitte Venise le soir du vendredi 20 novembre 1801 89. Arrivé à Florence depuis quelques jours, il y reçoit, le 30 novembre 90, le bref de Pie VII, daté du 4 novembre, par lequel le Pape lui apprend qu'il a accepté sa démission ; désormais, il signe ses lettres : Charles-François-Joseph, Ancien Évêque de Vence 91.


A quelle époque a-t-on appris à Paris que Monseigneur Pisani a démissionné de son évêché de Vence ? Il est difficile de le dire. Cependant, on sait que le nom de Pisani est déjà sur la liste des candidats potentiels pour les nouvelles nominations d'évêques, les premières qui auront lieu en 1802, sur la base du récent Concordat. Voici ce que rapporte Simon Delacroix dans son important ouvrage sur la réorganisation de l'Église de France après le Concordat de 1801 : Grâce aux appréciations du groupe Emery, le jeune abbé 92 put établir, vraisemblablement entre le 30 octobre et le 10 novembre 1801, sa première liste officielle de candidats à l'épiscopat. Ce "travail préparatoire" comporte deux parties. La première est constituée par la liste des archevêchés et évêchés (...) La seconde partie comprend six listes de candidats présentés selon la valeur décroissante de ceux-ci : 1) vingt-quatre "anciens évêques", dont huit "recommandés par-dessus tous" et seize simplement "recommandés" (...) Des seize autres évêques qui sont simplement "recommandés", dix le sont à la fois par M. Emery et l'abbé de Crouseilles. Ce sont : (...) Charles-François-Joseph Pisani de la Gaude, évêque de Vence (...) 93


ROME (Décembre 1801 - Août 1802)



Monseigneur Pisani arrive à Rome dans le courant de décembre 1801 94. Comme en 1792, il s'établit dans le quartier de Sant'Andrea di Monte Cavallo 95. Le Pape Pie VII le nomme Assistant au Trône Pontifical le 27 mai 1802 96. Mais avant de quitter Venise pour Rome, Monseigneur Pisani apprend que son ancien ami Portalis a été nommé conseiller d'État, chargé de toutes les affaires regardant les cultes 97. Selon le Chanoine de Hauregard, qui semble placer cet événement à Rome et non à Venise, il s'agirait là du point de départ de la résolution que prit Monseigneur Pisani de rentrer en France : Ses moyens pécuniaires diminuaient sensiblement tous les jours, et il entrevoyait le moment où la source tarissant, il se verrait réduit à manquer du plus strict nécessaire. Dans la perplexité où ces pensées le jetaient, il arriva un jour qu'en lisant un journal qui contenait les actes du nouveau gouvernement français, il trouva l'organisation d'un ministère où figurait comme membre, M. Portalis, ci-devant avocat distingué au parlement d'Aix. M. Portalis avait été l'homme de confiance de M. de Pisani, et il s'était établi entre eux de très intimes relations. Ce fut un coup de la Providence pour le prélat, tant inquiet sur sa situation (...) On lui avait mandé que ses propriétés boisées n'avaient pas été vendues et se trouvaient seulement sous le séquestre (...) Il conçut dès cet instant le projet de rentrer en France à l'effet d'obtenir du crédit de M. Portalis, la levée de ce séquestre (...) 98 Le Chanoine de Hauregard a peut-être raison. Pourtant il écrit juste après : Ce projet réalisé aussitôt que conçu, M. de Pisani arriva bientôt à Paris et se présenta à l'audience du ministre Portalis 99. Malheureusement, tout cela ne se passa pas de la sorte... pas si rapidement...

Le ministre Portalis, ami de longue date de Monseigneur Pisani, tous deux ayant vécu à Aix-en-Provence pendant un temps relativement long, a été nommé à la Direction des Cultes par le Premier Consul Bonaparte le 8 octobre 1801 100. Bonaparte avait là un homme de choix, fait pour une grande tâche comme la réorganisation de l'Église de France ; surtout, il avait là un homme tout dévoué à son service et à celui de la France 101. Alors, vu la relation étroite entre Bonaparte et Portalis, relation qui n'a pas dû échapper à l'esprit perspicace de Monseigneur Pisani, comment celui-ci va-t-il aborder son ancien ami ? Va-t-il se montrer réactionnaire et anti-républicain, ou bien va-t-il plutôt jouer le jeu républicain de Bonaparte et de Portalis ? La question se pose. Car si on lit bien le récit du Chanoine de Hauregard, ainsi que l'a fait Oswald Baudot, on croirait Pisani très éloigné du Premier Consul, et plus tard de l'Empereur, alors que l'ancien évêque de Vence a fort bien compris que le Concordat, avec tout ce qui pourrait en découler, serait une bonne perche tendue à l'Église de France plongée dans la tourmente... Notons ici la remarque d'Oswald Baudot relativement au temps où de Hauregard publie sa notice historique (1851) ; parlant de la nomination de Pisani à l'évêché de Namur, il écrit :
Sur les circonstances dans lesquelles il obtient cette nomination, on ne peut accorder un grand crédit au récit qu'en fait le chanoine Hauregard. Il est évident qu'après la Restauration, le rappel des circonstances dans lesquelles Pisani s'était rallié au Consulat ne pouvait être qu'un sujet délicat 102.


AIX (Octobre 1802 - Juillet 1803)



Monseigneur Pisani ne fut pas nommé à un nouvel évêché en 1802. Sans donner de raison explicite, il quitte Rome le lundi 103 après le 20 août 1802, c'est-à-dire le 23 août 1802 104. Il arrive à Nice en septembre 1802 105. Le 27 Fructidor an X (14 septembre 1802), il prête serment à la Constitution de l'an VIII (le Consulat) devant le commissaire du gouvernement français à Nice (cf. Louis Honoré, «L'émigration dans le Var (1789-1825)», Draguignan, 1923). On peut croire que c'est à cette date qu'il revient en France 106. De Nice, il passe à Aix-en-Provence, où il arrive le 18 octobre 1802107 et où il va rester plusieurs mois (chez le Notaire Brémond 108), jusqu'en juillet ou en août 1803, date à laquelle il montera enfin à Paris 109.

Que s'est-il passé ? D'après le Chanoine de Hauregard, Monseigneur Pisani semblait très pressé d'arriver à Paris pour rencontrer son ancien ami Portalis... Pourtant, il reste plusieurs mois dans sa ville natale, Aix. En fait, loin de vouloir rentrer absolument en possession de ses biens mis sous séquestre, Pisani préfère vivre avec un peu moins d'argent, mais dans une tranquillité relative, celle que lui procure sa ville natale : Presque enseveli dans le fond d'une province assez éloignée de Rome, je m'y suis dévoué à une vie de retraite et de prière. Mes affaires et ma santé me fixent dans ma patrie, et je suis résolu d'y consacrer mes faibles travaux comme simple ministre de la religion. Un ministère plus élevé présente tant de difficultés et de périls que je bénis le bon Dieu de l'état d'obscurité où il m'a placé, et où je sens tant d'attraits. C'est une des principales raisons qui m'ont fait retarder mon voyage à Paris, et quoique mes affaires temporelles y exigeassent ma présence, je consens à ne pas recouvrer quelques avantages de plus, si je puis conserver quelque chose, en sacrifiant une partie, et en ne me déplaçant point 110. Vraiment, Aix est le lieu de la tranquillité !

Providentiellement, cet état de tranquillité va se renforcer quelque peu, notamment par l'octroi, par le gouvernement français, d'un traitement spécial destiné aux évêques démissionnaires. Laissons Monseigneur Pisani raconter le fait : Les instances du Saint-Père auprès du premier consul pour le traitement des évêques démissionnaires viennent enfin d'avoir le succès qu'elles méritent : comme j'ai l'avantage d'être compris dans la liste de ceux que le gouvernement a désignés pour recevoir ledit traitement, que le conseiller d'État m'en a fait passer l'avis, je ne veux pas perdre un moment d'offrir au Saint-Père, par la médiation de Votre Éminence, mes actions de grâce sur sa tendre sollicitude pour tant d'évêques que l'infortune n'avait cessé de poursuivre, et qui, au moyen de ce secours, pourront terminer le reste de leur course dans un état de tranquillité 111. Tranquillité, oui. Cependant, Pisani tient toujours à récupérer une partie de sa fortune passée. Ainsi, il continue sa lettre en disant : L'exercice prolongé des privations nous fait apprécier toute l'importance de ce traitement qui autrefois nous aurait paru bien modique, et, en y joignant les débris de mon ancienne fortune patrimoniale, j'aurai une existence décente ; et je n'oublierai jamais que je dois presque tous ces avantages à la protection et aux bontés des deux Pie qui ont occupé ou occupent avec tant d'éclat la chaire de saint Pierre 112.

Début août 1803 113, le Premier Consul Bonaparte se trouve à Namur, où il est harangué, entre autres, par l'évêque de l'époque, Monseigneur de Bexon. Ce dernier ose proposer au Premier Consul de ceindre bientôt une couronne, un
diadème 114, dévoilant ainsi, malheureusement, ce que Bonaparte avait sans doute déjà imaginé en son esprit, mais qu'il ne voulait pas rendre public avant l'heure. Bonaparte prit très mal cette harangue de l'évêque. En fait, ce fut une goutte d'eau qui fit déborder le vase, tant les ressentiments du Premier Consul et du gouvernement français étaient déjà vifs face à la mauvaise gestion du diocèse de Namur par Monseigneur de Bexon. Bref, on peut croire que, rentré à Paris dès le 15 août suivant, Bonaparte prit la décision de se démettre d'un évêque aussi peu avisé en politique, à un moment où il s'agissait de faire régner l'ordre, que les excès de la Révolution avaient ruiné...


PARIS (Août 1803 - Février 1804)



Soit en juillet, soit en août 1803, Monseigneur Pisani se décide enfin à monter à Paris ! Il trouve un logement chez un certain Girardot, tapissier, demeurant 578 rue des Quatre-Vents 115, petite rue non loin de l'église Saint-Sulpice, un lieu de culte qu'il a dû souvent fréquenter. Rien ne permet de dire que Monseigneur Pisani loge chez le tapissier Girardot dès son arrivée à Paris. On peut néanmoins certifié sa résidence à cette adresse dès avant le 5 octobre 1803 116. La rue des Quatre-Vents est une petite rue d'une vingtaine de maisons. Le numéro 578, où loge Monseigneur Pisani, ne tient donc pas compte du nombre de maisons dans la rue. Il s'agit en effet d'un numérotage par quartier de ville, en vigueur de 1791 à 1805 117 : c'est ce qu'on appelle encore le numérotage officiel révolutionnaire. Notons enfin que, dans l'Almanach du Commerce de 1805, on trouve, à la rubrique "tapissier" : Girardot, 578 rue des Quatre-Vents.


On ne sait pas quel jour précis Monseigneur Pisani arrive à Paris. Il est toutefois certain qu'il s'y trouve déjà plusieurs jours avant le 28 août 1803, puisqu'il écrit au Cardinal Consalvi : Arrivé à Paris depuis peu de jours, j'ose espérer que Votre Éminence voudra bien que je me rappelle à son souvenir 118. Dans cette lettre, pas un mot sur ses biens mis sous séquestre et dont il voudrait rentrer en possession. Par contre, il dit : Je vois souvent le conseiller d'État Portalis, mon ancienne connaissance ; il est mieux disposé qu'on ne pense. Sa besogne est entravée par tant de considérations qu'il faut patienter avec lui, et ne point désespérer d'un meilleur ordre de choses dans l'Église 119. Ainsi, Pisani n'est à Paris que depuis peu de jours, et déjà il a vu souvent Portalis ! Il n'est pas interdit de penser que les discussions portèrent déjà sur une prochaine nomination de Pisani à un évêché ou l'autre. Cependant, l'intention de Pisani, si on lui a proposé un nouveau poste, est claire : Pour moi, je me félicite d'être dans la retraite ;_un ministère moins éclatant peut être également utile, et je tâcherai de servir l'Église de mon mieux 120. On va voir que cette intention de rester dans la retraite et donc de refuser un nouvel évêché est importante pour comprendre le réel dénouement de la nomination de Pisani à l'évêché de Namur.

A Paris, le 15 septembre 1803, Monseigneur de Bexon donne sa démission. Celle-ci est acceptée par le Pape Pie VII le 15 octobre suivant 121. L'abbé Jardrinet Ducoudray est alors nommé administrateur provisoire du diocèse par le légat Mgr Caprara ; cet abbé remplit sa fonction du 7 novembre 1803 au 15 août 1804 122.

L'évêché de Namur est vacant. Et bientôt Monseigneur Pisani de la Gaude sera nommé pour succéder à Monseigneur de Bexon. C'est clair : le 30 novembre 1803, tout est déjà consommé. Pisani écrit en effet au Cardinal Consalvi ces paroles magnifiques : Votre Éminence aura déjà su les instances vives qu'on m'a faites ici pour rentrer dans l'exercice de mes anciennes fonctions. J'y avais une grande répugnance, mais on a su la vaincre par l'autorité spirituelle. Attaché de coeur à l'Église et au Saint-Siège, dès que le légat m'a eu fait sentir que mes services leur seraient utiles ; que les refuser, ce serait aggraver ma conscience ; sachant d'ailleurs qu'un esprit de parti cherche à infirmer la grande opération du chef de l'Église, nécessitée par les circonstances les plus impérieuses et qui me sont toujours plus démontrées, j'ai consenti à faire le sacrifice de tout moi-même, car je m'étais voué pleinement à une vie privée et aux fonctions paisibles du saint ministère. Dieu saura m'alléger par sa grâce le fardeau bien pesant que l'on va sans doute m'imposer bientôt. Cependant je ne perds pas toute espérance qu'on me laisse dans ma retraite ; mais, si l'on m'en tire, Votre Éminence en sera vraisemblablement instruite avant la réception de cette lettre 123.


Cette lettre du 30 novembre 1803 parle d'elle-même : on est très loin du chantage à l'argent évoqué par le Chanoine de Hauregard ! C'est, au contraire, un pur motif spirituel qui a guidé Monseigneur Pisani vers l'acceptation de sa nouvelle fonction. Sans doute, l'ancien évêque de Vence avait-il besoin d'argent, mais il ne faut pas voir là le motif qui le détermina à accepter l'évêché de Namur. Son état d'esprit était tel que, sans l'intervention du Légat et de son autorité spirituelle, Pisani aurait préféré terminer sa vie comme un pauvre prêtre, plutôt que d'accepter un évêché pour les revenus qu'il lui procurerait, fussent ces revenus ceux de sa famille même.

Charles-François-Joseph Pisani de la Gaude, ancien évêque de Vence, est nommé évêque de Namur le 3 février 1804. Cette date est celle du décret du Premier Consul Bonaparte 124. Le Chanoine de Hauregard prétend que le décret parut deux jours après l'entrevue de Pisani avec le Premier Consul. Cette rencontre - fut-elle la première ? - eut donc lieu le premier février 1804. Elle fut suivie de plusieurs autres, notamment durant cette année 1804 : on peut dire que les deux hommes collaborèrent autant que l'un et l'autre respectèrent le domaine propre de son partenaire, et ce, pour le bien de tous.



PARIS (Février - Mai 1804)



Aussitôt nommé évêque par le Premier Consul Bonaparte, Monseigneur Pisani n'attend pas la confirmation du Pape Pie VII : plein de joie, il s'empresse de communiquer la nouvelle à ses amis et confidents. Parmi eux, citons l'Archevêque d'Aix-en-Provence, Jérôme Marie Champion de Cicé 125, qui écrit au nouvel élu : Vous voilà donc, mon cher Seigneur, embarqué avec nous dans la Barque de l'Église gallicane ! Je le désirais beaucoup et même j'espérais qu'on vaincrait vos répugnances. Il me conviendrait bien mieux personnellement que vos goûts, vos penchants, vos liaisons vous eussent ramené dans votre patrie. Mais nous devons tout sacrifier aux besoins de l'Église… 126 Les compliments ne manquent pas, surtout les éloges, justifiés ou non, concernant le diocèse de Namur ! Ainsi, Monsieur Savornin, curé de Vence (sans doute l'ancien Vicaire Général du diocèse de Vence 127), écrit : Après mon compliment sur votre nomination à l'Évêché de Namur, j'en félicite cette Église. Si je suis fâché que vous alliez être éloigné de nous, j'en suis charmé pour le bien général de l'Église et en particulier pour celle de Namur. Je suis assuré que vous conserverez toujours quelque affection pour votre première Église. Elle a lieu de ne vous oublier jamais, votre serviteur en particulier. Daigne le Seigneur vous conserver longtemps et en bonne santé. Vous avez un avantage dans ce pays-là, que vous n'aurez pas les obstacles, qui sont dans les autres parties de la France, et comme la piété et la science y fleurissent, vous trouverez de bons prêtres, qui vous seconderont avec zèle, et qui joindront à la science l'aménité des Pays-Bas… 128


Très vite, Monseigneur Pisani quitte son logement de la rue des Quatre-Vents pour s'installer à l'Hôtel d'Angleterre, au 1330 de la rue du Colombier 129, toujours dans le quartier Saint-Sulpice. Sans doute a-t-il déjà reçu une partie de l'argent qu'il avait réclamé au moment de sa nomination... Il convenait en effet qu'il s'établît dans un logement correspondant à son rang d'évêque. D'ailleurs la question de son futur logement à Namur préoccupe Monseigneur Pisani. Ayant adressé une certaine lettre à l'abbé Jardrinet Ducoudray, ce dernier répond à l'évêque : Dans la dernière session du Conseil général, il a été question d'acheter une maison épiscopale, mais vu le déficit du département, on n'a rien délibéré... Si votre Grandeur ne logeait pas à l'ancienne maison de Mgr de Bexon, je ne vois pas trop comment elle pourrait s'arranger. M. Dupré m'a paru partager mon embarras. Je lui ai parlé d'un pied à terre que l'on pourrait se procurer en attendant mieux ; j'en envoie la description à votre Grandeur… 130


Quand Bonaparte est proclamé Empereur des Français, le 18 mai 1804, Pisani est toujours à Paris : il y attend sa nomination canonique par le Pape Pie VII. Mais le Gouvernement français considère Monseigneur Pisani comme définitivement nommé évêque de Namur. C'est en cette qualité que l'Empereur Napoléon lui écrit, le 21 mai 1804, afin que l'évêque du diocèse de Namur invite ses fidèles à prier pour lui, l'Empereur, notamment en récitant le Veni Creator et le Te Deum dans toutes les églises du diocèse. Cette lettre montre les dispositions, réelles ou supposées, de l'Empereur à l'égard de Dieu et de la religion. Elle manifeste surtout quelle influence a dû avoir Napoléon Bonaparte sur l'esprit des évêques, sur celui de Monseigneur Pisani surtout. Elle témoigne donc de l'état d'esprit qui sera celui du nouvel évêque de Namur lors de sa prochaine entrée dans sa ville épiscopale. Voici ce que dit Napoléon dans les premiers jours de son Empire : Monsieur l'Évêque de Namur, le bonheur des Français a toujours été l'objet de mes plus chères pensées et leur gloire celui de tous mes travaux. Appelé par la Divine Providence et par la Constitution de la République à la puissance Impériale, je ne vois dans ce nouvel ordre de choses que de plus grands moyens d'assurer au dedans et au dehors la dignité et la prospérité nationale. Je me repose avec confiance dans le secours puissant du Très-Haut. Il inspirera [aux évêques] le désir de me seconder de tous les moyens qui sont en leur pouvoir. Ils éclaireront les peuples par de sages instructions en leur prêchant l'amour du devoir, l'obéissance aux lois et la pratique de toutes les vertus chrétiennes et civiles. Ils appelleront la Bénédiction du Ciel sur la nation et sur le chef suprême de l'État. Je vous fais donc cette lettre pour vous dire qu'aussitôt que vous l'aurez reçue, vous fassiez chanter le Veni Creator et le Te Deum dans toutes les églises de votre diocèse ; que vous ayez à convier aux prières qui se feront dans votre Église, les autorités qui ont accoutumé d'assister à ces sortes de cérémonies ; et que vous ayez à ordonner la lecture au prône dans toutes les églises de votre diocèse, du Senatus-Consulte organique du 28 floréal dernier 131 ; et m'assurant que vous exciterez par votre exemple le zèle et la piété de tous les fidèles de votre diocèse. Je prie Dieu qu'il vous ait, Monsieur l'Évêque de Namur, en sa Sainte Garde. Écrit à Saint-Cloud le 1er prairial an XII. Signé : Napoléon 132.


Bien conscient des ressources matérielles dont il aura besoin bientôt, Monseigneur Pisani ne néglige aucun contact qui puisse lui faire récupérer tout ou partie de ses anciens avoirs ici et là. Le Curé Savornin, de Vence, lui écrit en ce sens le 31 mai 1804 133. De même, Monsieur Hugues Maret, Secrétaire d'État de Napoléon, lui adresse ce court billet : Le Secrétaire d'État à l'honneur de saluer Monsieur l'Évêque de Namur et de lui annoncer que l'arrêté qui le met en possession des rentes vient d'être signé par S. M. / M. Maret éprouve un plaisir bien vif à donner cette bonne nouvelle à Monsieur l'Évêque de Namur 134.



PARIS (Mai - Août 1804)



Entretemps, à Rome, le Pape Pie VII signe la Bulle de nomination de Monseigneur Pisani de la Gaude à l'Évêché de Namur. C'était le 5 des calendes de juin 1804, c'est-à-dire le 28 mai 1804 135. Mais Monseigneur Pisani ne recevra cette Bulle que deux mois plus tard, en août 1804... Cette date du 28 mai fut choisie pour célébrer chaque année le souvenir de la nomination de Monseigneur Pisani à l'évêché de Namur. Ainsi, dans le calendrier liturgique de 1818, on lit, à la date du 28 mai : Hodie recurrit Dies Anniversaria Translationis Illmi RRmique D. D. CAROLI-FRANCISCI-JOSEPHI PISANI DE LA GAUDE, olim Episc. Vinciencis, ad Sedem Namurcensem… 136


Il y a deux ans déjà que le Concordat du 15 juillet 1801 a été publié, le jour de Pâques de l'an 1802 (18 avril). Il y a aussi deux ans que la décoration de la Légion d'honneur a été créée, le 19 mai 1802 (loi du 29 Floréal an X). Mais ce n'est qu'en cette année 1804 que cette décoration va être remise pour la première fois 137. Sans doute cette première remise est-elle tout à fait indiquée pour inaugurer avec faste l'avènement du nouvel Empereur, Napoléon Bonaparte. Pour les Français, c'est la première occasion, depuis la Révolution, de retrouver la pompe et le faste de la Cour 138. Le jour choisi était la commémoration du 14 juillet, mais celui-ci tombant un samedi, on fixa la cérémonie au dimanche 15, afin de permettre au peuple de Paris d'assister au défilé des troupes et au passage du cortège impérial 139.


Monseigneur Pisani est toujours à Paris en ce mois de juillet 1804. Il ne fait pourtant pas partie de la promotion du 5 juillet 1804, par laquelle neuf archevêques et trente-six évêques sont nommés membres de la Légion d'honneur 140. Par contre, le nouvel évêque d'Orléans nommé en 1802, Étienne Alexandre Jean-Baptiste Bernier (1762-1806), en fait partie 141 ; il va d'ailleurs prêter serment à l'Empereur, en compagnie de Monseigneur Pisani, le 8 juillet 1804. En effet, le soir du 7 juillet, Monseigneur Pisani reçoit du Ministre Portalis ce billet : Portalis a l'honneur de souhaiter le bonsoir à l'Évêque de Namur et de le prévenir que demain la Messe se dira aux Thuilleries à dix heure du matin, et qu'il sera admis à prêter son serment pendant la Messe. En conséquence Portalis attend demain chez lui avant 10 heure l'Évêque de Namur et l'Évêque d'Orléans. Il les mènera tous les deux dans sa voiture ; mais ils pourront se faire suivre par la voiture qui leur est propre et qui les ramènera après que la Cérémonie sera finie. L'Évêque de Namur portera avec lui la copie signée de son serment qu'il remettra au Secrétaire d'État, après que le serment aura été prêté 142.


De quel serment s'agit-il ? Celui qui est prévu par l'Article VI du Concordat, qui déclare : Les évêques, avant d'entrer en fonctions, prêteront directement, entre les mains du premier Consul, le serment de fidélité qui était en usage avant le changement de gouvernement, exprimé dans les termes suivants… 143 Monseigneur Pisani a conservé le brouillon de son serment, qu'il a modifié, afin de l'adapter aux nouvelles circonstances, savoir l'avènement de l'Empire : Serment de fidélité. Je jure et promets à Dieu sur les saints évangiles, de garder obéissance et fidélité à Sa Majesté l'Empereur des Français. Je promets aussi de n'avoir aucune intelligence, de n'assister à aucun conseil, de n'entretenir aucune ligue, soit au dedans, soit au dehors, qui soit contraire à la tranquillité publique ; et si dans mon diocèse ou ailleurs j'apprends qu'il se trame quelque chose au préjudice de l'État, je le ferai savoir à Sa Majesté. Prêté et fait à Saint-Cloud, entre les mains de Sa Majesté Impériale, le 19 Messidor de l'An Douze de la République française. + Charles-François-Joseph Pisani de Lagaude, évêque de Namur 144.


Trois jours plus tard, 11 juillet 1804, le nouvel évêque de Namur rédige et envoie sa première lettre pastorale au clergé et aux fidèles de son diocèse, dans laquelle il s'expliquait clairement sur la déclaration à faire par les membres du clergé, et qui ne devait contenir que l'adhésion au concordat et à la communion des évêques… 145 Le 15 juillet, il prend part à la magnifique cérémonie de la première remise de l'insigne de la Légion d'honneur, dans l'église des Invalides, à Paris. Il est l'un des six prélats présents à la cérémonie : le Cardinal Légat Caprara, qui préside ; l'archevêque de Paris, Mgr de Belloy ; les évêques de Mende (Mgr de Chabot), de Namur, d'Orléans (Mgr Bernier), et de Versailles (Mgr Charrier de la Roche) 146.


Cette cérémonie a fait l'objet à l'époque de relations partielles, voire contradictoires. Mais un compte-rendu, que le Cardinal Caprara fit parvenir à Rome dès le lendemain de la cérémonie, donne quant à lui toutes les informations précises, telles que l'ordonnancement de la célébration ou les noms des principaux participants. Monsieur André Decroix (dont nous avons parlé plus haut, en note), en publiant ce compte-rendu, que les Archives Secrètes du Vatican ont bien voulu lui communiquer en copie, nous révèle enfin ces détails inédits. Parmi ces derniers, notons : Sa Majesté l'Empereur des Français ayant décidé d'assister à la messe, et au Te Deum solennel que l'on devait chanter dans l'Église de l'Hôtel des Invalides en action de grâces à Dieu en raison de son élévation à la dignité d'Empereur des Français au cours de la journée du Dimanche 15 juillet, et de remettre par la même occasion les décorations adéquates aux personnes de la Légion d'honneur, par l'intermédiaire d'un des maîtres de cérémonies de la Cour, il fit inviter l'Éminence Monseigneur le Cardinal Légat à célébrer la messe en ce jour précis et dans cette Église et à entonner le Te Deum 147.




Serment prêté par Monseigneur Pisani le 8 juillet 1804

(A.Ev.N. Carton 6)


Passé le 15 juillet 1804, les événements vont quelque peu se précipiter : le départ de Monseigneur Pisani pour Namur approche. Portalis écrit à Pisani le 19 juillet : Monsieur l'Évêque, j'ai l'honneur de vous adresser une ampliation du décret impérial de 24 Messidor an 12 148 par lequel Sa Majesté ordonne que la Bulle de votre nomination à l'Évêché de Namur sera transcrite sur le Registre du Conseil d'État, et que mention en sera faite sur l'original par le Secrétaire Général 149. Dans les derniers jours de juillet, Monseigneur Pisani rédige le discours qu'il a l'intention de prononcer lors de son installation sur le siège épiscopal de Namur, prévue pour le 15 août ; en marge de ce discours, il écrit : 1er discours fini le 31 juillet 1804 à Paris, et prononcé dans ma cathédrale le 15 août 1804 150.


Mais, début août, n'ayant toujours pas reçu sa Bulle de nomination, Monseigneur Pisani décide de quitter Paris et se dirige vers Namur, espérant bien que la Bulle l'y suivra bientôt... Entre-temps, Monsieur Solier, curé de Saint-Paul-Trois-Chateaux, répond à la lettre que Monseigneur Pisani venait juste de lui adresser : J'ai reçu le 13 thermidor la lettre datée à Paris du cinq 151 que vous m'avez fait l'honneur de m'écrire... J'ai reçu, Monseigneur, avec la plus vive reconnaissance votre Lettre Pastorale à vos nouveaux diocésains. Je l'ai lue et relue toujours avec un nouveau plaisir. Elle est d'une clarté et d'une solidité qui ne laisse rien à désirer sur le changement actuel de discipline dans l'Église de France... Je félicite, Monseigneur, votre nouveau diocèse... Le bien que vous avez fait dans l'église dont les malheurs des temps vous ont dépouillé est un heureux présage que vous réparerez dans votre nouvelle église, par l'étendue de vos lumières, la pureté, l'activité de votre zèle, tout ce que les malheurs des temps lui ont fait perdre. Vous allez être tout à votre nouveau diocèse. Il ne nous reste que la consolation, l'avantage de vous avoir connu, possédé dans l'enceinte de notre ville 152 où votre nom est en bénédiction, et le regret de vous en voir éloigné… 153



NAMUR (12 août 1804)



Arrivé à Namur le 12 août 1804 154, Monseigneur Pisani y reçoit enfin sa Bulle de nomination. C'est Portalis qui la lui envoie, disant : Monsieur l'Évêque, j'ai l'honneur de faire passer la Bulle de S. S. en original comme vous l'aviez demandé. Je vous prie de m'en accuser réception 155. En marge de la lettre que Portalis lui envoie, Pisani écrit : Reçue le 25 et répondue le soir du 25 Thermidor 156. D'après le Chanoine de Hauregard 157, Monseigneur Pisani fait son entrée à Namur modestement et sans faste. Pourtant, un mois plus tôt, un décret impérial venait d'être publié relativement aux cérémonies publiques, préséances, honneurs civils et militaires. Ce décret stipulait : Lorsque les archevêques et évêques feront leur première entrée dans la ville de leur résidence, la garnison, d'après les ordres du ministre de la guerre, sera en bataille sur les places que l'évêque ou l'archevêque devra traverser. Cinquante hommes de cavalerie iront au devant d'eux jusqu'à un quart de lieu de la place. Ils auront le jour de leur arrivée, l'archevêque, une garde de quarante hommes, commandée par un officier, et l'évêque, une garde de trente hommes, aussi commandée par un officier : ces gardes seront placées après leur arrivée. Il sera tiré cinq coups de canons à leur arrivée, et autant à leur sortie… 158


A son arrivée à Namur, Monseigneur Pisani trouve un premier logement rue de la Croix, chez Monsieur Dupré 159, qu'il avait déjà rencontré à Paris 160. Le nouvel évêque de Namur prend possession du siège épiscopal le 15 août 1804 161. La cérémonie se déroule ainsi : les chanoines de l'église cathédrale, revêtus de la chape, conduisent Monseigneur Pisani au lieu où il doit revêtir les ornements pontificaux ; ensuite, l'évêque, ayant l'archidiacre à ses côtés, le porte-croix en tête, se rend, au gré des chants, devant l'autel majeur ; là, il entonne l'hymne "Veni, Sancte Spiritus", suivi de la prière "Deus qui corda fidelium" ; cela fait, devant tout le clergé et le peuple réunis, sont lues à haute voix les différentes Bulles : la Bulle de Confirmation, la Bulle au Chapitre, la Bulle au Clergé, et la Bulle au Peuple ; enfin, les membres du chapitre invitent l'évêque à prendre possession canonique de son siège épiscopal, en le faisant toucher un calice et un angle de l'autel majeur, et en le faisant asseoir sur son siège, comme cela se fait pour l'installation d'un nouveau chanoine ; la cérémonie se poursuit par le chant de la Messe, suivie elle-même par le Te Deum ; pendant ce dernier chant, l'évêque quitte l'église en bénissant tous les assistants ; à l'issue de la messe, l'évêque est conduit au chapitre où les chanoines baisent son anneau… 162


Au cours de cette cérémonie d'installation, Monseigneur Pisani prononce le discours qu'il avait préparé à Paris, fin juillet (voir plus haut). Il commence par citer le Premier Livre des Rois (16, 4-5) : "Les principaux de la ville de Bethléem venant à la rencontre de Samuel lui dirent : Votre entrée chez nous nous annonce-t-elle la Paix ? Oui, leur répondit-il, je viens pour immoler au Seigneur." Ce qu'il commente ainsi : Les prières, les voeux, Nos Très Chers Frères, que vous n'avez point cessé d'adresser au ciel pour votre nouveau Pasteur, l'empressement de tous les citoyens à notre arrivée parmi vous, la présence et l'accueil des autorités constituées qui le seconde en honorant cette assemblée religieuse, le concours si touchant et d'un clergé distingué par son zèle et ses revers, et des principaux habitants de la ville, et de tout le peuple fidèle à cette cérémonie de notre installation nous font justement présumer que la pensée des chefs de Bethléem occupe votre esprit, que votre coeur nous adresse avec une sorte d'inquiétude mêlée d'espérance, ces mêmes paroles : Votre entrée dans cette ville nous annonce-t-elle la Paix ? Oh ! notre coeur va répondre au vôtre : oui, Nos Très Chers Frères, notre présence au milieu de vous est un gage de la Paix, nous l'espérons dans le Seigneur 163.


Monseigneur Pisani reste peu de temps chez Monsieur Dupré, sans doute 10 à 15 jours 164. Il fait tout de suite part de son arrivée à ses correspondants parisiens. L'un d'eux lui répond, le 29 août 1804 : J'étais impatient, Monseigneur, d'avoir de vos nouvelles et d'apprendre que vous étiez heureusement arrivé. Votre lettre m'aurait fait le plus grand plaisir si elle m'avait annoncé que vous aviez trouvé dans votre diocèse le logement et l'ameublement convenable à votre dignité. C'est une contrariété à laquelle vous vous attendiez… 165 Il loge ensuite, probablement pour une période similaire, à l'hôtel de Haccourt, rue de Bruxelles (aujourd'hui appartenant à M. Bouesnel) 166. Et, au moins à partir du 6 septembre 1804, il s'installe, pour une année complète, à l'hôtel de Croix 167. Cet hôtel situé rue Saint-Aubain (aujourd'hui rue Saintraint) appartient au Marquis Charles de Croix, qui, après s'être un temps exilé, rentre au pays et, radié de la liste des émigrés le 16 avril 1802, (...) est remis en possession de son hôtel 168. Mais, il réside alors le plus souvent à Paris ou dans son château de Franc-Warêt 169 ; son hôtel de la rue Saint-Aubain n'est pour lui qu'un pied-à-terre ; il s'est réservé une aile et il loue le reste de la demeure 170.




Quittance pour le loyer d'un an chez Monsieur Charles de Croix

14 Thermidor an XIII / 2 août 1805 (A.Ev.N. Carton 4)


Finalement, le 8 octobre 1805, Monseigneur Pisani loue, aussi pour un an, l'ancien refuge de l'abbaye de Malonne, l'actuel palais épiscopal 171. C'est la fin d'un long parcours, à travers les routes d'Europe : la Provence, le Latium, la Vénétie ; Nice, Rome, Venise, Aix, Paris, toutes ces régions et ces villes ont vu passer un évêque à la recherche d'une nouvelle demeure et d'une famille qui puisse l'accueillir jusqu'à la fin de ses jours 172 ! Désormais, Monseigneur Pisani de la Gaude peut compter sur l'aide de ses nouveaux diocésains, tout comme ceux-ci verront toujours en leur évêque un père plein de tendresse et de zèle pour les guider dans les voies de Dieu 173 !








ANNEXE





TRANSCRIPTION

DU MÉMOIRE DE MONSEIGNEUR PISANI SUR SA FAMILLE

VENISE, DÉCEMBRE 1795

(A.Ev.N., CARTON 6 - Recopié textuellement)



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Mémoire de Charles-François-Joseph Pisani

Evêque de Vence


A présenter à leurs Excellences
Alvise Pisani Procurateur de S. Marc et François Pisani Ambassadeur à Madrid



L'origine italienne de la famille Pisani établie depuis plusieurs siècles en Provence et dont Charles-François-Joseph aujourd'hui éveque de Vence est le seul et dernier rejetton se montre d'abord par la terminaison du nom meme : elle était aussi attestée dans les chartres de cette famille et s'est transmise dans cette province par une tradition générale, constante et soutenue.


Les principales possessions de cette famille étant placées sur les frontières immédiates de l'Italie étaient souvent le théatre des guerres si fréquentes entre les souverains de cette contrée et les Rois de France : Aussi les titres de cette famille Pisani provençale ont'ils été successivement dilapidés à diverses époques, surtout aux années 1515, 1524, 1660, 1707, 1747, et finalement pendant la révolution française commencée en 1789.


Cependant l'éveque de Vence certifie avoir lu dans les notes de sa famille les indications de cette origine italienne prise en Toscane d'une tige commune divisée en plusieurs rameaux dont le principal et le plus distingué se transplanta à Venise, et dont les autres ont continué à se propager aux environs de Pise, ou ont été portés en France, en Sicile, etc.


Le Pisani émigré de Toscane en Provence lors des fréquentes révolutions de la république de Pise se réfugia d'abord à Nice avec peu de moyens, il passa ensuite le Var et s'établit en Provence sur les frontières même de l'Italie, y acquit à peu de frais des domaines assés considérables, et les premiers descendans y posséderent peu de temps après plusieurs terres et fiefs nobles dont l'éveque de Vence a hérité et qu'il a vendus lorsqu'il eut l'idée d'embrasser l'état ecclésiastique.


Cette famille ainsi transplantée fut agrégée au corps de la noblesse du pays, elle s'y est alliée à plusieurs maisons distinguées de la Provence, telles que les Pontevès, les Villeneuve Thorenc, les Castellane d'Allos, les Raimondi d'Eauze, les Clapiers de Cabris, les Lombard de Gourdon, les Pugets Barbentane, les Boisson, les Raphelis 174 Roquesante, les d'Albertas Jouques, les Lestang Parade et bien d'autres familles nobles également connues dont quelques unes ont eu des places à la Cour.


Parmi les descendans de ce Pisani transplanté en Provence les uns ont vécu simplement et noblement dans les chateaux de leurs fiefs, d'autres ont été oficiers dans des régimens, ou ont occupé des places nobles de magistrats dans les cours souveraines. L'éveque de Vence était lui-meme dès l'age de 20 ans conseiller en la cour souveraine des comptes de Provence au lieu et place de son père qui avait rempli la meme charge. Il a été ensuite au parlement et aprez sa promotion à l'épiscopat il a continué d'etre conseiller honoraire dans ces deux cours.


L'éveque de Vence neveu et héritier d'un de ses oncles maternels éveque de St. Paul 3 Chx 175 en Dauphiné mort depuis 5 années avait aussi un oncle de sa grand-mère paternelle (M. de Villeneuve Thorenc commandeur de l'Ordre de Malte) qui au commencement de ce siècle fonda en faveur des enfans de ses cinq nièces, une commanderie dans l'Ordre de Malte ; la famille Pisani provençale y était appelée à son tour, et si Charles François Joseph aujourd'hui éveque de Vence, au lieu d'embrasser l'état ecclésiastique, eut versé dans le monde, s'y fut marié et eut continué la lignée, ses propres enfans auraient pu jouir de la dite commanderie.


L'éveque de Vence victime comme tant d'autres bons français de la révolution de France - échappé maintenant de sa patrie pour avoir été fidèle à Dieu, au Roi et à l'ancienne monarchie, séparé de ses proches parens, dépouillé de ses biens, de ses armes, de ses titres, incertain sur son asile, privé, pour comble d'injustice, du droit de tester, de disposer des débris qu'il a pu sauver de sa fortune - vient se jeter avec confiance dans le sein de la famille vénitienne Pisani à laquelle il croit tenir très anciennement par la meme tige : il ne prétend point leur etre aucunement à charge, mais il espère de la bienfesance des illustres chefs de cette famille qu'ils voudront bien le reconnaître pour originaire de la leur, et l'adopter en quelque sorte comme parent de nom et de tige : il désirerait aussi obtenir de leur protection et médiation la faveur d'etre naturalisé dans l'état vénitien où il a son domicile depuis plus de sept années, et auquel son dévouement et sa conduite irréprochable l'attacheront toujours plus. Alors renaissant, pour ainsi dire, de ses propres cendres, il suppléerait à la perte de ses titres, de ses droits, de ses amis : il recouvrerait une sorte de parenté dont il serait infiniment honoré et une patrie dont la contenance ferme, noble, imposante, au milieu des circonstances les plus critiques, justifie encore aujourd'hui la sagesse, la prudence et la gloire qui l'ont rendue célèbre dans les annales du monde.


L'éveque de Vence se félicitant d'avoir connu personnellement le grand coeur, la magnanimité, et l'obligeance de leurs excellences Alvise et François Pisani, ose présumer de leurs vertus et de leurs bontés qu'à l'exemple de plusieurs maisons illustres de France, d'Angleterre et d'Italie, des la Force, des Broglie, des d'Harcour, des Dillon, Doria, Balbi, Ruffo, etc. qui à certaines époques ont reconnu pour parens d'origine des personnes décorées de leur nom, ils daigneront accueillir la demande ou du moins le souhait de Charles-François-Joseph Pisani actuellement éveque de Vence, seul et dernier rejetton de sa famille provençale, le reconnaître pour originaire de leur famille, et le faire naturaliser dans l'état vénitien qu'il habite depuis plus de sept années : honoré de ce bienfait, il leur devra, sans leur etre aucunement à charge, des avantages propres à exciter sa reconnaissance, à nourrir son attachement à leurs personnes, et à redoubler ses efforts pour soutenir la gloire d'un nom distingué et qu'il a l'honneur de porter.



à Venise en décembre 1795

+ c.f.j. de Pisani de la Gaude

évêque de Vence 176






1. CHANOINE DE HAUREGARD, Notice sur la Cathédrale de Namur, Namur, Wesmael-Legros, 1851, pp. 143-144.

2. ARCHIVES DE L'ÉVÊCHÉ DE NAMUR (A.Ev.N.), Carton 6.

3. Le futur Évêque de Vence, puis de Namur, se fait appeler tantôt Pisani, tantôt de Pisani, selon les circonstances de temps ou de lieu...

4. C.-F.-J. PISANI DE LA GAUDE, Evêque de Vence, Mémoire (sur sa famille), manuscrit, Venise, Décembre 1795. A.Ev.N., Carton 6. Ce Mémoire se trouve dans l'Annexe, à la fin de cette brochure.

5. F. ROUX-ALPHÉRAN, Les rues d'Aix, ou, Recherches historiques sur l'ancienne capitale de la Provence, Les Presses du Languedoc, (Montpellier), 1985, fac-similé de l'édition de 1846, chez Aubin, Aix-en-Provence, tome II, p. 412. La rue Saint-Michel s'appelle aujourd'hui "rue Goyrand".

6. O. BAUDOT, Notes sur Pisani de la Gaude (1743-1826), manuscrit inédit, sans date (env. 1985), p. 4. A.Ev.N., Carton A1/9. Oswald Baudot (1926-1993), vençois, était un magistrat français, célèbre par sa "Harangue à des magistrats qui débutent". Passionné par l'histoire de Vence, on lui doit ce manuscrit sur Monseigneur Pisani évêque de Vence, manuscrit transmis aux Archives de l'Évêché de Namur, en février 1989, par une de ses connaissances, André Dejardin (1924-1993), ancien journaliste à "Vers l'Avenir".

7. ARCHIVES DU GRAND-SÉMINAIRE DE NAMUR (A.G.S.N.), Fonds NAMURCUM, 371. Pisani parle de sa conversion pour dire qu'elle eut lieu le 5 juin 1770. On sait que Pisani, avant de s'engager dans la cléricature, avait eu une aventure sentimentale avec une demoiselle d'Entrecasteaux, qui serait morte la veille de ses noces (ou de ses fiançailles) avec le sieur Pisani, lequel, on le comprend, en aurait été fortement chagriné. A.G.S.N., Fonds NAMURCUM, 401. O. BAUDOT, op. cit., p. 5.

8. A.G.S.N., Fonds NAMURCUM, 371.

9. O. BAUDOT, op. cit., p. 5.

10. A.G.S.N., Fonds NAMURCUM, 371.

11. Dans des notes spirituelles, l'abbé Pisani écrit : Pour concilier les devoirs indispensables de prêtre et de magistrat, il faut distribuer mes exercices de piété, de justice et de charité, de manière que par une sage variété, ils produisent l'harmonie dans ma conduite et l'heureuse paix dans mon âme. (A.G.S.N., Fonds NAMURCUM, 371) Le Chanoine de Hauregard dit que, après son entrée dans l'état ecclésiastique, Pisani conserva le titre de conseiller d'honneur (op. cit., p. 137) auprès du Parlement d'Aix.

12. D'après O. BAUDOT, Pisani devient Vicaire Général en 1775 ou 1776 (op. cit., p. 5). C'est tout à fait vraisemblable. Un document du 8 septembre 1777 nomme Pisani Vicaire Général de Saint-Paul-Trois-Châteaux (A.G.S.N., Fonds NAMURCUM, 372).

13. A.G.S.N., Fonds NAMURCUM, 371.

14. F. ROUX-ALPHÉRAN, op. cit., tome II, p. 413.

15. Son père était né en 1709 (O. BAUDOT, op. cit., p. 4).

16. C.-F.-J. PISANI DE LA GAUDE, Évêque de Namur, Lettre au Préfet Pérès, 19 avril 1813, dans Annales de la Société Archéologique de Namur, tome XXXIX, p. 334.

17. C.-F.-J. PISANI DE LA GAUDE, Évêque de Vence, Mémoire... A.Ev.N., Carton 6.

18. Ibidem.

19. A.G.S.N., Fonds NAMURCUM, 371. A.Ev.N., Carton 6. Bien que l'existence d'un tel domicile paraisse surprenante, il est difficile de ne pas l'admettre : dans toute sa correspondance d'exil, Monseigneur Pisani ne dit jamais qu'il recherche un logement à Venise (puisqu'il en possède un !), alors qu'il s'enquiert toujours de la disponibilité d'un asile quelconque à Rome, lorsque le temps sera favorable pour lui de se rendre aux pieds du Pontife Romain... Un autre motif d'explication apparaîtra plus tard (voir le paragraphe intitulé PESARO Mai 1797).

20. O. BAUDOT, op. cit., p. 29.

21. CHANOINE DE HAUREGARD, op. cit., p. 138.

22. A.G.S.N., Fonds NAMURCUM, 380. Il s'agit d'une copie authentique de la minute du procès, qui se tint en plusieurs séances, de janvier à juin 1791. Monseigneur Pisani contresigne la minute de la dernière séance du procès, qui se tint les 28 et 31 mai, et le 1er juin 1791. C'est donc après cette date qu'on peut situer le début de l'exil de l'évêque de Vence.

23. A.Ev.N., Carton 8.

24. Ibidem.

25. A.Ev.N., Carton 7.

26. Ibidem, Lettre de l'abbé Gayte, Saint-Paul-Trois-Châteaux, 5 août 1791.

27. C.-F.-J. PISANI DE LA GAUDE, Évêque de Vence, Catéchisme du Diocèse de Vence, Nice, Société Typographique, 1789. Bibliothèque du Grand-Séminaire de Namur, MA-7/D.95.

28. La première édition semble être celle qui ne comporte aucun lieu ni aucune date de publication, telle que celle conservée à la Bibliothèque du Grand-Séminaire de Namur, sous la cote MA-6/B.143.

29. Bibliothèque du Grand-Séminaire de Namur, MA-4/B.50.

30. A.G.S.N., Fonds NAMURCUM, 459. Sur ce document, Monseigneur Pisani consigne les différentes fautes d'impression qu'il a constatées et il indique en titre : Correction dans le français de la Lettre sur l'obéissance au Pape - Édition de Venise. Il recense les corrections jusqu'à la page 308, ce qui suppose que cette édition de Venise comportait un texte français et un texte italien, tout comme l'édition de Rome.

31. A.Ev.N., Carton 7, Lettre de l'abbé Gayte, Saint-Paul-Trois-Châteaux, 16 décembre 1791.

32. Ibidem, Lettre..., 8 janvier 1792.

33. Ibidem, Lettre..., 13 janvier 1792.

34. Ibidem, Lettre..., 6 mars 1792.

35. F. LAUGIER, Le schisme constitutionnel et la persécution du clergé dans le Var, Draguignan, chez Latil, 1897, pp. 141-142.

36. 25 mars 1792. Cette année-là Pâques se fêtait le 8 avril ; le dimanche de la Passion, c'est-à-dire le dimanche avant celui des Rameaux, était donc le 25 mars. Ces quelques mots de Monseigneur Pisani, extraits de sa lettre du 14 avril 1792, nous sont parvenus en copie dans la lettre que l'abbé Gayte lui adressa le 23 juin 1792 (A.Ev.N., Carton 7). Selon O. BAUDOT, op. cit., p. 30, Pisani est à Rome en mars 1792.

37. A.Ev.N., Carton 7, Lettre de l'abbé Gayte, Bollène, 5 avril 1792.

38. Ibidem, Lettre de l'abbé Gayte, Avignon, 5 mai 1792.

39. A. THEINER, Prêtre de l'Oratoire, Documents inédits relatifs aux Affaires religieuses de la France, 1790 à 1800, extraits des Archives Secrètes du Vatican, Paris, Firmin Didot, 1858, tome II, pp. 311-371. Notons ici que le recueil d'Augustin Theiner est cité, avec quelques courts extraits, par L. DE LANZAC DE LABORIE, La domination française en Belgique, Directoire - Consulat - Empire, 1795-1814, Paris, Plon-Nourrit, 1895, tome II, pp. 99 et 100. Toutes les archives publiées par A. Theiner sont aujourd'hui référencées : ARCHIVIO SEGRETO VATICANO, Segr. Stato, Emigrati Riv. Francese, indice 1026. Cette dernière référence est redevable à l'aimable collaboration du Père Jean Beco, archiviste de la Congrégation du Très Saint-Rédempteur, à Rome, et de Monsieur Marco Maiorino, docteur, secrétaire de la Préfecture des Archives Secrètes Vaticanes.

40. A. THEINER, op. cit., p. 311 : "Lettre de l'Evêque de Vence à Mgr Caleppi", Rome, 7 juillet 1792.

41. A. THEINER, op. cit., p. 314 : "Lettre...", Rome, 15 novembre 1792. A.Ev.N., Carton 8, Lettre adressée d'Imola à Monseigneur Pisani, 19 janvier 1793.

42. A. THEINER, op. cit., p. 327 : "Lettre de l'Évêque de Vence à S. E. Mgr le Cardinal de Zelada, Ministre d'État, à Rome", Venise, 26 septembre 1795.

43. Via del Quirinale, 29, à Rome.

44. CHANOINE DE HAUREGARD, op. cit., p. 139.

45. Via 24 Maggio, 10, à Rome.

46. A. THEINER, op. cit., p. 315 : "Lettre de l'Évêque de Vence à Mgr Caleppi", Rome, 9 mai 1793.

47. Bibliothèque du Grand-Séminaire de Namur, MA-4/B.49. On lit, en français, à la dernière page de cet ouvrage, juste avant les pièces justificatives : Donné dans le lieu de notre retraite, le premier février 1793. A. THEINER, op. cit., p. 319 : "Lettre de l'Évêque de Vence à Mgr Caleppi", Ancône, 20 juin 1794.

48. A. THEINER, op. cit., pp. 313, 314, 316 : Lettres diverses.

49. A. THEINER, op. cit., p. 312 : "Lettre de l'Évêque de Vence à Mgr Caleppi", Rome, 20 septembre 1792.

50. A.Ev.N., Carton 7.

51. A. THEINER, op. cit., p. 318 : "Lettre de l'Évêque de Vence à Mgr Caleppi", Rome, 7 mai 1794.

52. A. THEINER, op. cit., p. 319 : "Lettre...", Ancône, 20 juin 1794.

53. A. THEINER, op. cit., p. 321 : "Lettre...", Venise, 9 août 1794.

54. Dans le paragraphe intitulé PESARO Mai 1797, nous dirons en effet que Pisani possédait bien à Venise un domicile réel, celui de son commerce, et qu'il avait de réelles affaires à traiter à Venise.

55. A. THEINER, op. cit., p. 325 : "Lettre...", Venise, 2 janvier 1795.

56. A. THEINER, op. cit., p. 322 : "Lettre...", Venise, 9 août 1794.

57. A. THEINER, op. cit., pp. 321 à 329 : Lettres diverses.

58. A. THEINER, op. cit., p. 328 : "Lettre de l'Évêque de Vence à S. E. Mgr le Cardinal de Zelada, Ministre d'Etat, à Rome", Venise, 23 octobre 1795.

59. A. THEINER, op. cit., p. 329 : "Lettre...", Venise, 18 novembre 1795.

60. A. THEINER, op. cit., p. 332 : "Lettre de l'Évêque de Vence à Mgr Caleppi", Venise, 26 décembre 1795.

61. C.-F.-J. PISANI DE LA GAUDE, Évêque de Vence, Mémoire... A.Ev.N., Carton 6. Ce Mémoire se trouve intégralement dans l'Annexe, à la fin de cette brochure.

62. Voir quelques lignes plus haut.

63. Né le 13 février 1754, mort à Venise le 12 février 1808. ENCICLOPEDIA ITALIANA, tome XXVII, p. 410.

64. PAOLO FAVARO, Alvise e Francesco Pisani, due Patrizi veneziani tra Rivoluzione e Restaurazione (1797-1815), dans STUDI VENEZIANI, Volume XXV (1993), Pisa, Giardini Editori, 1994, p. 271. La dignité de Procurateur de Saint Marc venait juste après celles de Doge et de Sénateur. Les Procurateurs étaient divisés en procurateurs "de supra", qui géraient l'administration de la basilique, et procurateurs "de citra" ou "de infra", qui géraient les quartiers de Venise situés au nord-est et au sud-ouest du Grand Canal. D'après une source non encore vérifiée, Alvise Pisani aurait été élu Procurateur de Saint Marc le 29 janvier 1792.

65. Ibidem.

66. Ibidem.

67. Ces deux livres se trouvent à la Bibliothèque du Grand-Séminaire de Namur ; peut-être ont-ils été apportés à Namur par Monseigneur Pisani ? Le premier s'intitule : Memoria storica intorno alla Repubblica di Venezia, scritta da Paolo Morosini e da Giovanni Cornaro, per la prima volta pubblicata, nell' Ingresso di S. E. MESSER ALVISE PISANI, CAVALIERE, alla dignità di Procuratore di San Marco, Venezia, chez Carlo Palese, 1796 - cote MA-16/F.34 ; et le second : Monumenti veneziani di varia letteratura, per la prima volta pubblicati, nell' Ingresso di Sua Eccellenza Messer ALVISE PISANI, CAVALIERE, alla dignità di Procuratore di San Marco, Venezia, chez Carlo Palese, 1796 - cote MA-16/F.33.

68. PAOLO FAVARO, op. cit., ibidem.

69. C.-F.-J. PISANI DE LA GAUDE, Évêque de Vence, Mémoire... Recopié avec l'orthographe originale. A.Ev.N., Carton 6.

70. A. THEINER, op. cit., p. 339 : "Lettre de l'Évêque de Vence à Mgr Caleppi", Pesaro, 25 mai 1797. A Venise et dans toute la Vénétie, des révolutionnaires, aiguisés par l'esprit "français", s'étaient révoltés contre la Sérénissime République et renforçaient ainsi la réaction anti-française des vénitiens fidèles.

71. Ibidem.

72. A.Ev.N., Carton 6. Copie authentique d'une lettre de Mgr Pisani au Sieur Roustan, Prieur de Saint-Laurent du Var, Pesaro, 8 août 1797.

73. A.Ev.N., Carton 8.

74. A.Ev.N., Carton 8. Lettre de Monseigneur Pisani à Mademoiselle Anne Bourguignon, Venise, 21 janvier 1797. Il signe cette lettre : Giuseppe Aspini, negoziante (Joseph Aspini, négociant).

75. Ibidem.

76. Nous en avons déjà parlé.

77. Voir plus haut.

78. A.G.S.N., Fonds NAMURCUM, 400.

79. A. THEINER, op. cit., p. 343 : "Lettre de l'Évêque de Vence à Mgr Caleppi", Pesaro, 30 novembre 1797.

80. A.G.S.N., Fonds NAMURCUM, 395. C'est le Cardinal Albani qui signe le décret, à Venise, le 10 février 1800, "sede vacante", "le Saint-Siège étant vacant". Quand, en effet, le Saint-Siège est vacant, les cardinaux de la Curie romaine peuvent pourvoir aux évêchés vacants en nommant des administrateurs temporaires. Mais ils ne peuvent pas nommer de nouveaux évêques.

81. A.Ev.N., Carton 6, Lettre de Monseigneur Pisani à Monseigneur l'Archevêque d'Embrun à Nuremberg, Venise, 13 février 1800. Il doit s'agir d'une lettre à Monseigneur de Leyssin, dernier archevêque d'Embrun. L'archevêché d'Embrun, dans les Hautes Alpes, était la métropole de l'évêché de Vence ; supprimé par le Concordat de 1801, l'ancien diocèse d'Embrun fut partiellement restauré en 1822 par son intégration dans le nouveau diocèse de Gap.

82. Ibidem. Cette lettre n'est conservée qu'à l'état de brouillon, mais vu le nombre de corrections, il s'agit certainement d'une copie très proche de l'original. Monseigneur Pisani écrit à l'archevêque d'Embrun parce que ce dernier est non seulement son propre métropolitain, mais aussi celui de l'évêque de Glandèves, et que, pour cette raison, il lui revient, de droit, d'administrer le diocèse de Glandèves devenu vacant par la mort de son évêque, Monseigneur Henri Hachette des Portes, décédé à Bologne en 1798. Mais l'archevêque d'Embrun ayant abandonné ses droits de juridiction sur le diocèse de Glandèves en faveur de Monseigneur Pisani, c'est ce dernier qui s'est occupé de préparer l'administration du diocèse de Glandèves. Cependant, c'est l'évêque de Nice qui fut nommé administrateur du diocèse de Glandèves...

83. A.Ev.N., Carton 6, Lettres de Grand Vicaire du diocèse de Grasse adressées par Monseigneur Pisani à Mr. Méro, Venise, 12 février 1800.

84. Ibidem. Traduction : Donné sous notre signature et notre sceau, et sous la signature de notre pro-secrétaire, chez les Vénitiens, où nous sommes venus, rejetés de tous côtés par les flots de la mer comme par ceux de la persécution gallicane, et où maintenant, comme des pèlerins et des hôtes, nous demeurons en sécurité, priant abondamment nuit et jour pour que nous puissions voir pleinement le très cher visage de tous nos frères, dont le salut spirituel nous a été confié par Jésus Christ Notre Seigneur, et par son Vicaire visible sur la terre...

85. O. BAUDOT, op. cit., p. 31. Monseigneur Pisani était probablement l'assistant du Cardinal Maury, seul cardinal français présent à l'élection du nouveau Pape. Ce conclave s'était ouvert le 30 novembre 1799, et ce ne fut qu'après trois mois de tractations que le choix des cardinaux se porta sur un moine bénédictin, le Cardinal Chiaramonti, évêque d'Imola.

86. A. THEINER, op. cit., pp. 344-345 : "Lettre de l'Évêque de Vence à Mgr Consalvi à Rome", Venise, 17 juillet 1800.

87. A. THEINER, op. cit., p. 351 : "Lettre de l'Évêque de Vence à S. E. Mgr le Cardinal Secrétaire d'État à Rome", Venise, 31 octobre 1801. Il s'agit du Cardinal Ercole Consalvi (1757-1824).

88. A. THEINER, op. cit., p. 352 : "Lettre...", Venise, 14 novembre 1801.

89. A. THEINER, op. cit., p. 353 : "Lettre...", Florence, 24 novembre 1801.

90. A. THEINER, op. cit., p. 354 : "Lettre...", Florence, 30 novembre 1801.

91. Ibidem.

92. Il s'agit de l'abbé d'Astros, neveu de Portalis, que ce dernier choisit comme secrétaire particulier, pour devenir très vite son principal collaborateur.

93. SIMON DELACROIX, La réorganisation de l'Église de France après la Révolution, 1801-1809, Paris, Éditions du Vitrail, 1962, tome I, Les nominations d'évêques et la liquidation du passé, pp. 162-163.

94. A. THEINER, op. cit., p. 354 : "Lettre de l'ancien Évêque de Vence à S. E. Mgr le Cardinal Secrétaire d'État à Rome", Florence, 30 novembre 1801.

95. Ibidem, p. 355. A.G.S.N., Fonds NAMURCUM, 400, Lettre des habitants de Vence à Monseigneur Pisani, 4 mai 1802.

96. A.Ev.N., Carton 6. A. THEINER, op. cit., p. 360 : "Lettre de l'ancien Évêque de Vence à S. E. Mgr le Cardinal Secrétaire d'Etat à Rome", Rome, 25 mai 1802.

97. A. THEINER, op. cit., p. 352 : "Lettre de l'Évêque de Vence à S. E. Mgr le Cardinal Secrétaire d'État à Rome", Venise, 31 octobre 1801.

98. CHANOINE DE HAUREGARD, op. cit., pp. 141-142.

99. Ibidem.

100. SIMON DELACROIX, op. cit. p. 46.

101. Ibidem, p. 81.

102. O. BAUDOT, op. cit., p. 32.

103. A. THEINER, op. cit., p. 362 : "Lettre de l'ancien Évêque de Vence à S. E. Mgr le Cardinal Secrétaire d'État à Rome", Rome, 20 août 1802.

104. A.Ev.N., Carton 8, Billet de Monseigneur Pisani, sur lequel il énumère les objets laissés par lui à Rome. Comme descriptif, il écrit : Mobili lasciati in Roma nella casa di S. Andrea il 23 agosto 1802 alla mia partenza di Roma. Traduction : Meubles laissés à Rome dans la maison de S. André le 23 août 1802 à mon départ de Rome.

105. A. THEINER, op. cit., p. 363 : "Lettre de l'ancien Évêque de Vence à S. E. Mgr le Cardinal Secrétaire d'État à Rome", Nice, 15 septembre 1802.

106. O. BAUDOT, op. cit., p. 32.

107. A.Ev.N., Carton 8, État des recettes et dépenses tenu par le Notaire Brémond, octobre 1802 - juin 1803. Le notaire commence par ces mots : État des recettes et dépenses que j'ai faites pour Monsieur de la Gaude, ancien évêque de Vence, depuis le 26 Vendémiaire an XI (18 octobre 1802), jour qu'il est entré chez nous.

108. A.Ev.N., Carton 8, Lettre de Monsieur Garson à Monseigneur Pisani, Paris, 25 décembre 1802. Tout le temps qu'il demeura à Aix, sa ville natale, Monseigneur Pisani logea chez le notaire Brémond (sous doute Jean-Boniface Brémond), notaire royal sous l'Ancien Régime. Le notaire Brémond gérait une partie de la fortune de l'évêque. Sa demeure se situait près de l'église Sainte-Madeleine, sur la Place des Prêcheurs. Voir F. ROUX-ALPHÉRAN, op. cit., tome I, p. 614, note 1. Notons que, là où il habitait, Monseigneur Pisani affirmait avoir possédé un oratoire domestique (A.G.S.N., Fonds NAMURCUM, 402).

109. A. THEINER, op. cit., p. 368 : "Lettre de l'ancien Évêque de Vence à S. E. Mgr le Cardinal Secrétaire d'État à Rome", Paris, 28 août 1803.

110. A. THEINER, op. cit., p. 364 : "Lettre...", Aix, 10 décembre 1802.

111. A. THEINER, op. cit., pp. 365-366 : "Lettre de l'ancien Évêque de Vence à S. E. Mgr le Cardinal Secrétaire d'État à Rome", Aix, 19 mars 1803.

112. Ibidem.

113. D'après sa correspondance, Bonaparte est à Namur les 3 et 4 août 1803.

114. CHANOINE DE HAUREGARD, op. cit., p. 135.

115. A.Ev.N., Carton 8, Lettre de Madame A. Saboulin à Monseigneur Pisani, Beauplan, 5 décembre 1803.

116. A.Ev.N., Carton 8, Acte du Notaire Louis Sébastien François Doulcet, Paris, 12 Vendémiaire an XII (5 octobre 1803).

117. Décret de l'Assemblé nationale constituante, 23 novembre 1790. Ce décret fut suivi de plusieurs instructions en décembre 1790.

118. A. THEINER, op. cit., p. 368 : "Lettre de l'ancien Évêque de Vence à S. E. Mgr le Cardinal Secrétaire d'État à Rome", Paris, 28 août 1803.

119. Ibidem.

120. Ibidem.

121. A.Ev.N., Carton 6, Copie du Bref Apostolique.

122. Sur Jardrinet Ducoudray, on lira à profit la récente étude du CHANOINE ALBERT MILET, Un «odieux mouchard» ? Louis Jardrinet Ducoudray, Vicaire général du diocèse de Namur (1802-1814) d'après plusieurs documents inédits, dans Annales de la Société Archéologique de Namur, 2001, pp. 217-262.

123. A. THEINER, op. cit., p. 370 : "Lettre de l'ancien Évêque de Vence à S. E. Mgr le Cardinal Secrétaire d'État à Rome", Paris, 30 novembre 1803.

124. Nous avons produit ce document précédemment.

125. Né à Rennes en 1735, décédé à Aix-en-Provence en 1810. Il fut nommé Archevêque d'Aix en 1802. Monseigneur Pisani a dû le rencontrer souvent lors de son séjour dans la capitale de la Provence en 1803...

126. A.Ev.N., Carton 8, Lettre de Jérôme Marie Champion de Cicé, archevêque d'Aix, à Monseigneur Pisani, Marseille, 16 février 1804.

127. A. THEINER, op. cit., p. 316 : "Lettre de l'Évêque de Vence à S. E. Mgr le Cardinal de Zelada", Rome, 16 mars 1794.

128. A.Ev.N., Carton 8, Lettre du curé Savornin à Monseigneur Pisani, Vence, 28 février 1804.

129. A.Ev.N., Carton 6, Lettre de Monsieur Benoît Lovat à Monseigneur Pisani, Gênes, 14 mai 1804. Notons que, par décision ministérielle du 14 juillet 1836, la rue du Colombier a été réunie à la rue Jacob. Comme pour la rue des Quatre-Vents, le numéro 1330 de la rue du Colombier appartient au numérotage officiel révolutionnaire, la rue du Colombier ne comportant qu'une trentaine de maisons. Dans l'Almanach du Commerce de 1805, à la rubrique "hôtels garnis", on lit : 1330 rue du Colombier, hôtel d'Angleterre, tenu par la veuve Denneville. L'Hôtel d'Angleterre actuel, qui se trouve au 44 de la rue Jacob, ne semble pas être celui qu'a connu Monseigneur Pisani, ou du moins il ne se situe pas au même emplacement que l'hôtel garni de la veuve Denneville. En effet, ce dernier se situait dans ce qui était alors la rue du Colombier, c'est-à-dire dans la première partie de la rue Jacob actuelle, alors que l'Hôtel d'Angleterre d'aujourd'hui se situe dans la seconde partie de la rue Jacob, c'est-à-dire la rue Jacob primitive, telle qu'elle était en 1803-1804.

130. A.Ev.N., Carton 6, Lettre de l'abbé Jardrinet Ducoudray à Monseigneur Pisani, Namur, 15 avril 1804.

131. 18 mai 1804.

132. A.Ev.N., Carton 4, Lettre de Sa Majesté Impériale à Monseigneur Pisani, Saint-Cloud, 1er prairial an XII (21 mai 1804).

133. A.Ev.N., Carton 8, Lettre du Curé Savornin à Monseigneur Pisani, Vence, 31 mai 1804.

134. A.Ev.N., Carton 8, Lettre de Monsieur Maret à Monseigneur Pisani, Saint-Cloud, 19 prairial an XII (8 juin 1804).

135. A.Ev.N., Carton 6. Il s'agit d'une copie de la Bulle originale, copie établie le 3 juin 1804. La Bulle originale se trouve aux Archives de l'Archevêché de Malines (n° 1324 de l'inventaire de CONSTANT VAN DE WIEL, intitulé Archivalia over de aartsbisschoppen van Mechelen vanaf de oprichting van het aartsbisdom tot en met de Franse Tijd (1559-1815), Louvain, 1990). Monseigneur Pisani avait en effet transmis la Bulle originale à Malines (A.Ev.N., Registre n° 82, Lettre à l'archevêque de Malines, Namur, 22 Fructidor an XII (9 septembre 1804) ).

136. Traduction : Aujourd'hui on célèbre le Jour Anniversaire de la Translation de l'Illustrissime et Révérendissime Seigneur CHARLES-FRANÇOIS-JOSEPH PISANI DE LA GAUDE, autrefois évêque de Vence, au siège de Namur.

137. L'année 2004 célébrera le bicentenaire de la première remise de la Légion d'honneur. C'est précisément en vue de ce bicentenaire que Monsieur André Decroix (Inspecteur général, Vice-Président du Comité de Clamart, de la Société d'Entraide des Membres de l'Ordre National de la Légion d'honneur) m'a questionné sur la présence de l'évêque de Namur à Paris, le 15 juillet 1804, jour de la première remise des insignes de la Légion d'honneur. De là l'idée de rédiger un article sur la nomination de Monseigneur Pisani à l'évêché de Namur, avec toutes les circonstances qui l'ont préparée...

138. ISABELLE DUPASQUIER, Les premières distributions de la Légion d'honneur, dans REVUE DU SOUVENIR NAPOLÉONIEN, n° 268, Paris, Mars 1973, pp. 18-21.

139. Ibidem.

140. Parmi les prélats belges, on trouve : Mgr Roquelaure, archevêque de Malines ; Mgr Fallot de Beaumont, évêque de Gand ; Mgr Zoepffel, évêque de Liège ; et Mgr Hirn, évêque de Tournai. Monseigneur Pisani, on ne sait trop pourquoi, ne fit partie que de la promotion du 15 août 1810. (Ces renseignements ont été aimablement transmis par Monsieur André Decroix).

141. DEBAUCE (Général PIERRE CODECHÈVRE), Les premières nominations et promotions des membres de la Légion d'honneur, dans LA COHORTE, Revue de la Société d'entraide des membres de la Légion d'honneur, n° 16, Octobre 1967.

142. A.Ev.N., Carton 6.

143. P. CLAESSENS, La Belgique Chrétienne depuis la conquête française jusqu'à nos jours, Ixelles-Bruxelles, 1883, tome I, pp. 235-236.

144. A.Ev.N., Carton 6, Serment de fidélité, Saint-Cloud, 8 juillet 1804.

145. CHANOINE DE HAUREGARD, op. cit., p. 147.

146. ANDRÉ DECROIX, La première remise des Insignes en Saint-Louis des Invalides, à la lumière des documents inédits provenant des Archives Secrètes du Vatican, dans LA COHORTE, n° 167, Mai 2002.

147. Ibidem.

148. 13 juillet 1804.

149. A.Ev.N., Carton 4, Lettre de Portalis à Monseigneur Pisani, Paris, 30 Messidor an XII (19 juillet 1804).

150. A.G.S.N., Fonds NAMURCUM, 462.

151. 5 Thermidor an XII (24 juillet 1804).

152. On se rappelle que Monseigneur Pisani a été Vicaire Général de Saint-Paul-Trois-Châteaux.

153. A.Ev.N., Carton 7, Lettre de Monsieur Solier aîné, curé, Saint-Paul-Trois-Châteaux, 6 août 1804.

154. A.Ev.N., Carton 6, Acte du Chapitre de l'église cathédrale de Namur, 23 août 1804.

155. A.Ev.N., Carton 6, Lettre de Portalis à Monseigneur Pisani, Paris, 20 Thermidor an XII (8 août 1804).

156. 13 août 1804.

157. CHANOINE DE HAUREGARD, op. cit., p. 146.

158. A.Ev.N., Carton 4, Extrait du décret impérial relatif aux cérémonies publiques, préséances, honneurs civils et militaires, Saint-Cloud, 24 Messidor an XII (13 juillet 1804).

159. CHANOINE DE HAUREGARD, op. cit., p. 146. CÉCILE DOUXCHAMPS-LEFÈVRE, Hôtels de Maître à Namur, XVIIIe-XXe siècles, Leurs occupants, Wépion-Namur, 1999, p. 59.

160. CHANOINE DE HAUREGARD, op. cit., p. 145.

161. A.Ev.N., Carton 6, Acte du Chapitre de l'église cathédrale de Namur, 23 août 1804.

162. Ibidem. Cette relation se termine par ces mots : ...relato, F.-H.-J. Buÿdens canonicus Ecclesiae Namurcensis, pro secretario Capituli aegroto... (traduction : relaté par F.-H.-J. Buÿdens chanoine de l'Église de Namur, pour le secrétaire du Chapitre, malade...)

163. A.G.S.N., Fonds NAMURCUM, 462.

164. CHANOINE DE HAUREGARD, op. cit., p. 146.

165. A.Ev.N., Carton 7, Lettre de Monsieur Musset, Paris, 11 Fructidor an XII (29 août 1804).

166. CHANOINE DE HAUREGARD, op. cit., p. 149. CÉCILE DOUXCHAMPS-LEFÈVRE, op. cit., p. 43.

167. A.Ev.N., Carton 4, Quittance de Charles de Croix à Monseigneur Pisani, 14 Thermidor an XIII (2 août 1805). En marge de cette quittance, Monseigneur Pisani a porté : Quittance de Mr. de Croix pour loyer depuis le 19 fructidor An 12 (6 septembre 1804) jusques au 19 fructidor An 13 (6 septembre 1805).

168. CÉCILE DOUXCHAMPS-LEFÈVRE, op. cit., p. 131.

169. Ibidem.

170. F. COURTOY, L'hôtel de Groesbeeck - de Croix à Namur, dans Annales de la Société Archéologique de Namur, tome XL, 1932-1933, p. 151.

171. A.Ev.N., Carton 4, Contrat de location entre Monsieur J. B. Lemielle et Monseigneur Pisani, concernant le Refuge de Malonne, pour la période du 23 septembre 1805 au 22 septembre 1806, Namur, 8 octobre 1805.

172. Regretté de tous, Monseigneur Pisani s'endormit dans le Seigneur le 23 février 1826, après sept années d'épiscopat à Vence, dix en exil, trois à la retraite forcée, et vingt-deux à Namur...

173. A la fin de cet article, je tiens à remercier toutes les personnes qui m'ont aidé, de près ou de loin, ponctuellement, ou d'une manière plus continue, à la recherche des documents ou à la rédaction de ces notes sur Monseigneur Pisani de la Gaude.

174. S'écrit le plus souvent Raffélis.

175. Abréviation de Saint-Paul-Trois-Châteaux.

176. Cette signature semble avoir été apposée a posteriori (en vertu de la différence d'écriture, et de l'absence de jour dans la date).




Daniel Meynen, un prêtre catholique à votre service.

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